Les temps ont bien changé. Plus personne ne se bouscule pour suggérer de ressusciter une église incendiée et contribuer financièrement à cette opération. La reconstruction n’est plus trop à l’ordre du jour.
Ce mot a plutôt été remplacé par le mot « revalorisation ». Non pas des ruines, mais du site où se dressait l’ancienne église. C’est un peu ce qui se passe à Saint-Ours où l’église détruite le 17 juillet était un vestige dont la Municipalité ne voulait pas et dont peu de paroissiens se souciaient.
Quand je fais allusion au temps béni de la reconstruction, je ne parle pas de l’époque de nos ancêtres ou des premiers colons. Inutile de retourner si loin en arrière. Il suffit de consulter les archives des journaux de DBC Communications. L’incendie de l’église de Saint-Ours n’est pas le premier désastre du genre à frapper le diocèse de Saint- Hyacinthe. Le feu de l’enfer a d’autres catastrophes religieuses et patrimoniales à son actif. Il a déjà frappé de plein fouet et réduit en cendres l’église de la municipalité de Saint-Hugues, le 6 avril 1979.
Ironiquement, c’est l’absence de paratonnerre – l’instrument avait été retiré lors de travaux de réfection entrepris deux ans avant le sinistre – qui avait été mis en cause pour expliquer l’incendie. Cela n’avait pas empêché les paroissiens de se mobiliser rapidement.
Tant et si bien que la bénédiction de la pierre angulaire de la nouvelle église avait eu lieu en avril 1980 devant quelque 500 personnes! C’est Mgr Louis Langevin, évêque diocésain, qui avait eu le bonheur de célébrer la première messe et de consacrer la nouvelle église paroissiale.
Le 28 septembre 1985, les paroissiens de Saint-Césaire ont aussi eu la douleur de voir flamber leur église fraîchement rénovée et considérée à l’époque comme l’une des plus belles de tout le diocèse, à la suite d’un ce qui avait été annoncé comme un problème de nature électrique. La nouvelle avait comme de raison fait la une du COURRIER. Cité par la journaliste Anita D. Paquette, le curé de la paroisse, l’abbé Réginald Deslandes, y parlait déjà de reconstruction.
En décembre, à peine quelques semaines après l’incendie, la reconstruction était confirmée et annoncée pour 1986. Aux 900 000 $ des assurances, on avait bon espoir de rassembler la somme nécessaire (175 000 $) auprès des paroissiens et des entreprises de la région.
Les Sœurs de Saint-Joseph de Saint- Hyacinthe avaient donné l’exemple avec un don de 30 000 $, suivies des Sœurs de la Présentation de Marie avec une offrande de 7000 $, puis 2000 $ des Frères de Sainte-Croix et 1000 $ des Sœurs du Précieux-Sang de Saint-Hyacinthe.
Plus récemment encore, l’église Sainte-Maria-Goretti de Belœil avait été ravagée à son tour par un violent incendie en juin 2009. Le feu avait pris naissance dans une remise située à l’arrière.
Sauf erreur de ma part, c’est la dernière église incendiée du diocèse de Saint-Hyacinthe à avoir fait l’objet une reconstruction estimée à 5,3 M$, dont une part de 2,3 M$ assumée par la Ville. Les travaux s’étaient mis en branle en 2013 et l’église à vocation communautaire avait été inaugurée un an plus tard.
Autres temps, autres mœurs. Aucune reconstruction ni campagne de financement publique n’ont été annoncées jusqu’ici à Saint-Ours.
À Saint-Hyacinthe pendant ce temps-là, on se demande quand l’église Saint-Joseph tombera sous le pic des démolisseurs pour faire place à une école primaire et on ne sait trop encore ce qu’il adviendra de l’église de la paroisse Saint-Thomas-d’Aquin. On ne sent pas non plus de volonté politique ou diocésaine de statuer conjointement sur le sort de ces vénérables bâtiments.
La Ville et l’Évêché sont un peu comme… le feu et l’eau.
