Dans un premier temps, des travaux de 5,7 M$ viseront à transformer en profondeur tout l’espace situé entre la bibliothèque T.-A.-St-Germain jusqu’au Centre des arts, en passant sous le pont Barsalou. D’autres phases sont à venir, dans un échéancier qui n’a pas été établi, et pour une facture qui devrait défoncer les 50 M$. Nous sommes à des années-lumière de l’évaluation de 33 M$ qu’on nous servait encore à l’automne 2021.
À ce moment, je dénonçais déjà cette facture que je qualifiais de pharaonique. Si l’intelligence artificielle me suggère maintenant d’utiliser le terme « astronomique », je préfère m’en remettre à l’intelligence naturelle et pragmatique du conseiller municipal Bernard Barré, qui évoque une facture disproportionnée, sans commune mesure. « On s’est fait piéger par nos architectes. Ils veulent gagner des prix. Le coût, pour eux, ce n’est pas important. On a déjà payé 2 M$ en services professionnels, c’est la pire erreur qu’on a faite. »
Mais encore, mon Bernard? « Les citoyens veulent que ce soit agréable, sécuritaire et fonctionnel [la promenade]. Ils n’ont pas demandé les Jardins de Versailles et ils doivent avoir la capacité de payer. Là, c’est disproportionné et, ce soir, on se met le bras dans le tordeur. »
Le moment choisi pour poser ce geste douloureux n’a rien d’anodin. À quelques semaines du rendez-vous électoral, on s’assure ainsi que rien ni personne ne se dressera devant la pépine. « Ça fait 37 ans que je suis élu et je vais être témoin d’une des pires décisions qui a été prise dans ma carrière », a renchéri M. Barré.
On serait porté à croire que ce dernier beurre épais et charrie, à l’image parfois des promoteurs de boxe, mais il n’a peut-être pas tout à fait tort sur celle-là. Des mauvaises décisions, nos élus actuels et passés n’en ont pas collectionné par dizaines au fil des ans, soyons honnêtes.
Pour le plaisir de la chose, on pourrait certes débattre de la dissolution de la police municipale au profit de la Sûreté du Québec. Argumenter sur la décision de s’investir dans la biométhanisation en faisant miroiter qu’il s’agissait d’une extraordinaire vache à lait, de la municipalisation tardive et détournée de l’aéroport ou encore de la construction du tunnel Casavant au lieu de prioriser un passage à niveau moins coûteux dans le prolongement du boulevard.
Jusqu’à preuve du contraire, la coûteuse revitalisation de la promenade mérite sans doute de figurer en bonne place dans un palmarès des pires décisions de l’histoire maskoutaine.
Oui, cette revitalisation s’imposait, vu l’état d’une promenade existante que nous n’avons pas su entretenir, mais il y aurait sûrement eu moyen de la retaper plus rapidement, pour beaucoup moins d’argent et dans toute sa longueur. En s’inspirant encore une fois de ce qui a été fait à Drummondville avec la promenade Rivia et qui coresspond à tous les critères énumérés par Bernard Barré.
Mais on a préféré nous vendre du rêve et du vent. « Le projet de promenade est déterminant pour la revitalisation du centre-ville, écrivait le maire Claude Corbeil avant de quitter son poste en 2021. Il permettra de générer des retombées significatives [et non chiffrées] qui viendront amortir les investissements requis. »
Ouais, ouais. Quoi qu’on dise ou quoi qu’on fasse, la rivière Yamaska, où poussent allégrement les herbes en été, n’aura jamais l’attrait du fleuve à la hauteur de Québec, de Rimouski ou de Trois-Rivières. Cette promenade dorée n’attirera pas les touristes étrangers, ni même ceux de Sainte-Cécile-de-Milton ou de Ham-Nord. Si jamais on y arrive, et ça me semble plus réaliste, y faire revenir les Maskoutains sera déjà une belle réussite en soi.
Mais à quel prix bonyenne???


