18 septembre 2025 - 03:00
Histoire d’ici
Britannia Mills : un hameau oublié
Par: Le Courrier
La gare Britannia Mills en 1904. Photo Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH478 Histoire de Saint-Hyacinthe
La gare Britannia Mills en 1904. Photo Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH478 Histoire de Saint-Hyacinthe
Sur le 7e Rang de Saint-Dominique se trouve depuis 2015 le Domaine Britannia Mills, une entreprise qui fabrique des sauces piquantes avec les piments forts cultivés sur place. Cet établissement bien connu est situé sur l’emplacement de l’ancienne gare Britannia Mills. Ce premier d’une série de deux articles vous racontera l’histoire de cette gare et du petit hameau qui se développa autour d’elle.

Saint-Dominique, dès ses débuts, se développe grâce à l’exploitation de la pierre calcaire, que l’on trouve en abondance sur son territoire. Le seigneur Hyacinthe-Marie Delorme, dès 1810, envoie Michel Patenaude sur place et lui demande d’exploiter en son nom un premier fourneau à chaux. Tranquillement, d’autres colons, souvent des cultivateurs, enthousiasmés par la manne que promet d’être cette exploitation, deviennent de vaillants tailleurs de pierre! Vers 1830, Saint- Hyacinthe et plusieurs paroisses avoisinantes s’approvisionnent à Saint-Dominique.

En 1850, le seigneur de Saint-Hyacinthe, Louis-Antoine Dessaulles, qui possède lui-même des carrières de pierre de taille et de pierre à chaux, et qui aime être à la fine pointe du progrès, s’entend avec la compagnie ferroviaire Atlantic & Saint Lawrence Railway (qui deviendra la compagnie du Grand Tronc) en 1852 sur l’emplacement d’une gare qui pourrait satisfaire ses besoins commerciaux. Le tracé du chemin de fer est dessiné par l’ingénieur Renaud-dit-Blanchard de Saint-Hyacinthe.

La gare est construite sur le septième rang de Saint-Dominique, à la jonction de la paroisse de Saint-Dominique et de la paroisse de Saint-Liboire à environ 10 kilomètres de Saint-Hyacinthe. La proximité de deux ressources essentielles à l’exploitation d’une gare ferroviaire, l’eau de la petite rivière Delorme et le bois des terres pas encore exploitées, explique en grande partie le choix de l’emplacement. Le nom de Britannia Mills existe dès la construction de la gare. Selon certains historiens, il s’expliquerait probablement par la présence d’ouvriers d’origine écossaise ou irlandaise qui auraient travaillé à la construction du chemin de fer.

Dessaulles a toutefois un problème. Il est difficile de charroyer la pierre provenant de sa carrière à la nouvelle gare Britannia Mills. Le rang double de même que le 7e Rang étaient très difficilement carrossables. Dessaulles décide donc de construire un petit chemin de fer à lisses d’une longueur de 11 kilomètres. Ce train est surnommé « le petit train à lisses à Dessaulles ». Les wagons étaient tirés par des chevaux ou des bœufs. À Britannia Mills, on trouve un atelier, un entrepôt, une remise à chars et des grues pour transférer la chaux du train à lisses à bord du train de l’Atlantic & Saint Lawrence Railway.

Rapidement, la petite effervescence créée autour de ce nouveau lieu incite des colons à s’y installer. Il fallait avoir un peu l’esprit d’aventure, car le lieu était plein d’écueils. En effet, la forêt était dense par endroits et l’on trouvait également des marais. Les colons choisissaient donc des parcelles de terrain rocailleux et y construisaient de petites maisons. Tout le monde s’installait un peu où il pouvait. Il va sans dire qu’on n’avait prévu aucun plan d’urbanisme. Tout au plus, on ébauche trois chemins qui traversent le hameau.

En 1854, Britannia Mills est à son apogée. Plusieurs personnes du hameau et de Saint-Dominique y travaillent, certaines aux fours à chaux qu’on doit alimenter constamment, d’autres au chantier de Dessaulles, d’autres encore au moulin à scie Maska. Ce dernier a été installé à grands frais à Britannia Mills par Thomas McCaw. L’achalandage est assez important dans le petit hameau baptisé Britannia Mills pour justifier l’installation d’un hôtel, le Canada Boarding House, situé à cheval sur la limite entre la seigneurie Langan et celle de Dessaulles.

À suivre…

Par Martin Ostiguy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

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