En entrevue, M. Marcil a entre autres déploré les trop longs délais avant d’obtenir un permis de construction. Il a dit ne pas vouloir critiquer le Service de l’urbanisme, mais c’est tout comme.
Ce manque de collaboration expliquerait du moins en partie pourquoi il en est rendu à vouloir accélérer ses investissements à l’extérieur de Saint-Hyacinthe.
À l’écouter, c’est pratiquement une question de survie pour son entreprise, tant les rigidités de la Ville affectent ses affaires. Il est mieux placé que vous et moi pour savoir ce qui explique que ses projets tardent à lever de terre. Ce n’est pas non plus la première fois que j’entends ce genre de critiques de la bouche d’un promoteur maskoutain.
Le Groupe Robin, pour ne pas le nommer, semble tout heureux de grandir à vitesse grand V à Trois-Rivières et à Granby.
Récemment, on apprenait aussi que des promoteurs du projet Biophilia, qui doit voir le jour près du Centre des arts, ont mis leur projet en veilleuse, faute de pouvoir attacher leur montage financier.
Ce n’est peut-être pas la faute de la Ville, mais ces promoteurs maskoutains ont quand même décidé de prioriser le développement d’un projet immobilier de 104 logements à Beauharnois, en Montérégie. L’exode des promoteurs maskoutains est-il une tendance lourde ou bien anecdotique? La question se pose et les réponses ne sont pas si évidentes.
M. Marcil vient d’une certaine façon de lancer le débat. Cela pourrait assurément donner des arguments à celui ou celle qui souhaiterait incarner une volonté réelle de changement à l’Hôtel de Ville de Saint-Hyacinthe.
Pour ma part, j’ignore si notre Service de l’urbanisme est sclérosé, si on y trouve du personnel expérimenté en nombre suffisant par rapport à la charge de travail ou si ces employés sont exagérément pointilleux. Mais je répète que bien des éléments peuvent retarder la délivrance d’un permis, dont l’état de nos infrastructures, la réglementation en place, le zonage ou l’absence d’acceptabilité sociale.
À ce sujet, il y a tout lieu de croire que le prochain plan d’urbanisme de la Ville de Saint-Hyacinthe devrait faciliter la vie des promoteurs maskoutains en faisant disparaître quelques contraintes et, par le fait même, en générant quelques frustrations chez les citoyens qui ne veulent rien savoir de la densification tous azimuts par exemple.
Il faut aussi éviter de généraliser quand on accuse l’urbanisme de se traîner les pieds. La Ville de Saint-Hyacinthe a quand même prouvé qu’elle pouvait saisir rapidement les opportunités quand Luc Maurice, du Groupe Maurice, est débarqué en ville avec l’idée d’y construire 100 logements sociaux abordables : le projet Mission Unitaînés.
La première pelletée de terre a eu lieu en juin 2024 et les logements de qualité sont sur le point d’être livrés. La Ville n’a pas hésité à condamner une rue pour permettre sa construction sur une partie de l’emprise publique. Sommes-nous plus accommodants avec les promoteurs de l’extérieur qu’avec les nôtres? Il serait intéressant que la campagne électorale soit l’occasion d’en débattre, non?
Alors oui, la sortie d’Anthony Marcil donnera assurément des arguments à ceux qui prétendent qu’une fronde du milieu des affaires s’organise contre le maire André Beauregard afin de favoriser l’élection de Sylvain Morin à la mairie.
Sauf qu’à Saint-Hyacinthe comme au Québec, être étiqueté comme le candidat du milieu des affaires n’est pas forcément un gage de succès pour obtenir les clés de l’Hôtel de Ville. Monsieur et Madame Tout-le-Monde ont souvent tendance à se méfier des big shots qui promettent mer et monde. N’en doutez plus, la campagne électorale 2025 à la mairie est officiellement lancée à Saint-Hyacinthe. Pour le meilleur et pour le pire!