« Ça ne s’est jamais fait en division 2. En division 3, le Cégep de Beauce-Appalaches s’était rendu à 22 victoires consécutives. Puis, en division 1, on ne voit pas assez loin, donc on n’est pas certain c’est quoi le vrai record », relate l’entraîneur-chef du club maskoutain, Sébastien Deschamps, en entrevue avec LE COURRIER.
Cette séquence des Lauréats, qui s’étire maintenant sur trois saisons et qui a permis à l’équipe de soulever deux fois le Bol d’Or, se poursuit grâce aux six victoires qu’ils ont signées en autant de matchs disputés cet automne. Et rien ni personne ne semble pouvoir les arrêter avec deux matchs à faire à la saison régulière.
« Une des choses que j’aime voir en ce moment, c’est qu’on mène la ligue autant offensivement que défensivement. Ça montre à quel point on a une équipe équilibrée. On peut se fier à nos unités des deux côtés du ballon. Ça se passe bien aussi avec les unités spéciales, autant pour nos botteurs que pour nos unités de couverture », analyse avec fierté Sébastien Deschamps.
Pour chiffrer ses propos, les Lauréats sont les seuls à avoir inscrit plus de 200 points cette saison – ils affichent un total de 242 points marqués – et ils présentent la meilleure défensive avec seulement 105 points accordés à leurs adversaires en six matchs.
Malgré les victoires qui s’accumulent, les joueurs des Lauréats abordent chaque rencontre de la même manière, soit avec le désir de livrer une performance à la hauteur de leur talent et de progresser de semaine en semaine.
« On n’entre pas dans un match en se disant qu’on doit prolonger notre série de victoires. On y va vraiment une semaine à la fois. Honnêtement, on n’avait jamais parlé de cette séquence-là avant de se rendre compte que ça faisait 20 victoires de suite. C’est juste que vingt, c’était un plateau significatif. Éventuellement, cette séquence de victoires va s’arrêter et il va juste falloir se remettre au travail pour gagner le prochain match », mentionne Sébastien Deschamps.
En plus de leurs aptitudes sportives, les joueurs des Lauréats se démarquent par la confiance qu’ils dégagent chaque fois qu’ils sautent sur le terrain. Leur plus récente sortie, contre les Diablos du Cégep de Trois-Rivières, en est un bel exemple. Malgré un début de match un peu plus difficile lors duquel ils tiraient de l’arrière 10 à 0, ils sont restés calmes et concentrés sur la tâche qu’ils devaient accomplir, ce qui leur a permis de revenir de l’arrière et de l’emporter haut la main.
« On parle beaucoup de résilience avec nos joueurs, souligne l’entraîneur. Ça va arriver dans un match que tu fasses un mauvais jeu, une mauvaise passe ou une mauvaise couverture, mais il faut que tu sois capable de rebondir et de contrôler tes émotions pour être capable de continuer à performer parce que si tu fais juste t’écrouler et te dire “ah, ma game est poche”, ton jeu va juste être encore pire ensuite. C’est sûr que le fait d’avoir gagné beaucoup dans les dernières années aide à donner confiance aux gars et ils savent que si quelque chose de mauvais arrive, on va être capables de rebondir. »
Pour réussir à rester au sommet d’une saison à l’autre, il n’y a pas de secret : tout passe par le recrutement et le développement des joueurs. « C’est ce qui fait qu’on est constamment bons. Les gars voient qu’on a du succès, donc ils embarquent dans le bateau. Ils voient les gars plus vieux qui connaissent du succès et ils se disent que ce sera leur tour la saison prochaine et il y a une roue qui tourne de cette façon-là année après année », explique Sébastien Deschamps.
Après avoir profité d’une semaine de pause au calendrier de la saison régulière, les Lauréats seront de retour en action le samedi 11 octobre à Laval. Ils rendront visite aux Nomades du Collège Montmorency, une équipe qui pointe au 4e rang présentement.
La division 1, c’est pour quand?
Avec les succès que l’équipe de football des Lauréats connaît, une question revient de plus en plus : à quand la montée en division 1?
La réponse courte, c’est que ce ne sera pas avant 2027. Les changements de division s’effectuent chaque deux ans au sein de cette ligue du RSEQ et comme un nouveau cycle vient d’être entamé, il ne sera pas possible pour l’équipe de graduer l’an prochain. Cela dit, toutes les options sont étudiées en vue de la prochaine période de reclassement, reconnaît Sébastien Deschamps.
« On analyse nos options pour 2027. C’est sûr que c’est quelque chose qu’on veut faire [monter en division 1]. Mais il ne faut pas oublier que notre programme de football a seulement 10 ans d’existence. On est encore une jeune équipe, on n’est pas parfaits et on a encore des choses à travailler », affirme-t-il.
Même si l’équipe a réussi à faire ses preuves rapidement en division 2 depuis qu’elle s’y est jointe en 2020, avec deux conquêtes du Bol d’Or notamment, il faut s’assurer de faire les choses de la bonne manière, plaide l’entraîneur-chef.
« Je ne veux pas qu’on soit vu comme l’équipe qui reste en division 2 pendant des années et qui domine. Ce n’est pas ça l’objectif. Mais ça fait seulement quatre saisons qu’on joue en division 2 et on nous dit déjà qu’il faudrait monter en division 1. Je ne dirais pas que c’est quelque chose qu’il faut absolument faire, mais c’est assurément quelque chose qu’on veut faire éventuellement. On a les yeux rivés sur 2027. »
Au-delà des performances de l’équipe, des enjeux en matière d’infrastructures font aussi partie de l’équation pour faire le saut en division 1 aux yeux du pilote des Lauréats. « Honnêtement, si on faisait la demande pour monter en division 1, on serait acceptés. Au niveau de la ligue, on a ce qu’il faut, confie-t-il. C’est plus moi, en tant que gestionnaire, qui nous compare aux autres équipes de division 1. Un exemple qui est assez flagrant et qui saute aux yeux, ce sont les estrades. Nos estrades ne sont pas de calibre de division 1. »
Il faut voir l’imposante foule qui assiste aux matchs des Lauréats pour comprendre l’ampleur de cet enjeu. Chaque match, des centaines de spectateurs doivent apporter leurs chaises de camping pour regarder la partie parce que les estrades qui sont à leur disposition ne suffissent pas à accueillir tout le monde. Cette saison, l’équipe maskoutaine affiche une moyenne d’assistance de près de 1000 spectateurs. Lors de la construction du terrain en 2014, des estrades pouvant accueillir quelque 300 spectateurs avaient été aménagées. Quelques autres ont été ajoutées depuis, sans pour autant suffire à la demande observée lors des matchs de football.
« Est-ce que ça nous empêcherait de gagner des matchs? Non. Mais ça fait partie du package qu’on a à vendre dans le recrutement, poursuit Sébastien Deschamps. Est-ce qu’un jeune va choisir son cégep en fonction des estrades? Ce serait une décision un peu bizarre, mais en même temps, c’est ça le recrutement : tu vends le programme, les installations et le sérieux du programme. Les estrades, c’est définitivement quelque chose qui manque pour montrer à quel point on est un programme de qualité et qu’on a les reins solides. C’est la première chose qui me vient à l’esprit, mais il y a d’autres choses sur lesquelles j’aimerais aussi travailler d’ici 2027. Par contre, j’y crois. Le Cégep est derrière nous. À l’intérieur du cégep, les gens nous demandent quand graduerons-nous en division 1. C’est une discussion qu’on a. »