23 octobre 2025 - 03:00
Saint-Hyacinthe
Un nouvel obstacle à la construction d’Exceldor
Par: Sarah-Eve Charland
Le projet d’Exceldor devrait prendre forme dans le parc industriel Olivier-Chalifoux à Saint-Hyacinthe. Photothèque | Le Courrier ©
Le projet d’Exceldor devrait prendre forme dans le parc industriel Olivier-Chalifoux à Saint-Hyacinthe. Photothèque | Le Courrier ©
Voyant sa demande en eau potable arriver presque à capacité, la Ville de Saint-Hyacinthe ne croit plus être en mesure de répondre à tous ses engagements afin de construire le nouvel abattoir d’Exceldor, ce qui l’oblige à rouvrir l’entente.

Le projet de construction est sur pause depuis près de deux ans, alors qu’il avait enfin obtenu l’autorisation de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ). Encore aujourd’hui, on ne sait toujours pas quand la coopérative, dont l’acquisition par Aliments Sofina n’a pas encore été approuvée par le Bureau de la concurrence, procédera à la première pelletée de terre.

À tel point que la Ville de Saint-Hyacinthe n’a pas jugé bon d’inscrire l’investissement (1,2 M$) nécessaire pour la construction de la voie de desserte à son Programme quinquennal d’immobilisations (PQI) 2026-2030.

Bien que l’acte notarié encadrant la vente du terrain à Exceldor prévoie un droit de rétrocession si aucune construction n’est réalisée d’ici un délai de cinq ans, ce qui mène à avril 2029, le maire sortant, André Beauregard, prévient que la Ville renonce à ce recours. Il estime que l’autorisation de la CPTAQ est assez restrictive pour limiter les constructions sur ce lopin de terre.

« On ne l’a pas mis dans le PQI [la voie de desserte] parce qu’on ne sait pas quand ça va arriver. La seule chose qui peut être construite à cet endroit, c’est l’abattoir d’Exceldor. Ce terrain ne peut servir qu’à eux. On ne fera pas valoir notre droit de rétrocession. On préfère attendre », souligne M. Beauregard.

La porte-parole d’Exceldor, Gabrielle Fallu, assure pour sa part que la coopérative a toujours l’intention de réaliser le projet maskoutain. Elle confirme également que des discussions sont en cours avec Saint-Hyacinthe afin de revoir les conditions de l’entente, particulièrement en ce qui concerne l’alimentation en eau potable.

« Une chose est certaine, nous souhaitons aller de l’avant en trouvant des solutions qui sont gagnantes pour Exceldor coopérative et la Ville de Saint-Hyacinthe », dit-elle.

Une entente à renégocier

Alors que la Ville de Saint-Hyacinthe dispose d’une marge de manœuvre de 13 050 m3 d’eau par jour, le nouvel abattoir d’Exceldor consommerait à lui seul en moyenne 4500 m3 d’eau par jour. La Ville se voit donc dans l’obligation de revoir son entente avec l’entreprise puisqu’elle n’estime plus être en mesure de répondre à la demande en eau potable.

Selon la directrice des communications de la Ville de Saint-Hyacinthe, Elena Haratsaris, plusieurs facteurs expliquent pourquoi il est nécessaire de revoir l’entente. Bien que celle-ci soit récente, elle résulte d’échanges entre Exceldor et la Ville, dont les premières discussions remontent à 2017.

« On parle donc d’une période prépandémique où la Ville n’avait pas prévu l’explosion aussi rapide du développement que nous connaissons aujourd’hui. Ensuite, l’administration en place dans ces années-là était optimiste quant à la possibilité de préparer et de réaliser un projet d’agrandissement de la capacité de production d’eau potable. Quelques années plus tard, les effets des changements climatiques augmentent la difficulté d’obtenir des autorisations ministérielles pour augmenter notre captation de l’eau dans la rivière Yamaska », explique-t-elle.

La solution pourrait notamment passer par la construction d’une usine de filtration par Exceldor, mentionne le maire sortant sans pouvoir chiffrer cette facture. Exceldor n’a pas voulu commenter cette proposition.

Alimentation en eau limitée

Au cours des dernières années, la Ville s’est concentrée sur le projet de mise aux normes et d’agrandissement de son usine d’épuration, un projet estimé à près de 127 M$. Dès l’année prochaine, la Ville se penchera sur la question de l’alimentation en eau potable.

« La Ville prépare son dossier pour éventuellement prévoir une augmentation de la capacité de production de l’usine d’eau potable. Bien que certaines études aient déjà été réalisées, on parle d’un projet qui pourrait prendre 10 ans », poursuit Mme Haratsaris.

En 2021, une analyse de la vulnérabilité de la prise d’eau a été réalisée en collaboration avec l’Organisme de bassin versant de la Yamaska. Par la suite, la Ville a réalisé son plan de protection des sources d’eau potable et conclut qu’il est nécessaire d’étudier la possibilité de soutirer davantage d’eau de la rivière Yamaska.

« Le bassin versant de la rivière est soumis à des normes d’étiages sévères, ce qui rend la situation précaire en matière de disponibilité en eaux. Il sera notamment nécessaire de réaliser une étude définissant le critère cumulatif des autres soutirages d’eau le long de la rivière. Les démarches se poursuivent », conclut Mme Haratsaris.

Une marge de manœuvre réduite

La capacité de production d’eau potable maximale est de 58 550 m3/jour à Saint-Hyacinthe. Bien que la consommation moyenne soit de 31 000 m3/jour, la consommation peut parfois atteindre 45 500 m3/jour. La Ville calcule donc sa marge de manœuvre en fonction des journées d’utilisation d’eau potable maximale.

La consommation atteint donc 78 % de la capacité de production. Lorsque la demande en eau potable atteint 90 % de sa capacité, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs exige qu’une Ville agisse pour assurer la pérennité de l’alimentation en eau potable avant d’autoriser d’autres développements immobiliers.

« Il faut donc être prudents avec les débits industriels, car ils sont beaucoup plus grands que les débits commerciaux et résidentiels », conclut Mme Haratsaris.

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