Un bac pour les ordures, un bac pour la récupération et deux bacs pour les matières organiques. Au gros bac brun actuel, la Ville souhaiterait l’ajout d’un petit bac pour recevoir exclusivement les déchets de table dédiés à son usine de biométhanisation.
Le gazon, les branches et toutes autres matières à faible potentiel énergétique continueraient de s’entasser dans le grand bac brun avant de terminer leur course dans un site de compostage à l’extérieur du territoire de la Régie.
Avant de lancer publiquement cette résolution à la dernière séance du conseil municipal de Saint-Hyacinthe, et d’endosser l’idée majoritairement, les élus de la ville-centre avaient tâté le pouls de leurs collègues. Sans succès puisqu’a peu près tous les représentants municipaux à la Régie intermunicipale ont rejeté la suggestion.
Et sans ménagement, pourrait-on ajouter. C’est donc avec étonnement qu’ils ont appris en lisant LE COURRIER que la Ville de Saint-Hyacinthe persistait malgré tout à demander à la Régie l’ajout d’un quatrième bac. Même le directeur général de cette régie des déchets, Réjean Pion, ne l’a pas vu venir! Et lui le premier, habituellement si diplomate, ne se gêne pas pour dire que l’idée du 4e bac ne tient pas la route.
Ho! en pratique, si on part du principe que quand on veut on peut et que l’Homme envisage de conquérir la planète mars, tout est possible. Mais sur le plancher des vaches, là où l’argent est compté, la proposition maskoutaine ne fait aucun sens. Ni techniquement et encore moins financièrement.
Outre l’achat et la distribution des nouveaux bacs à tous les résidents, les camions de collecte actuels ne sont pas conçus pour lever deux bacs simultanément.
Imposer des changements aux devis lors du renouvellement du contrat de collecte serait certes possible, mais très certainement onéreux. Et comme ce prochain contrat laisse déjà entrevoir des hausses de tarifs appréciables en raison des malheurs et des bouleversements qui secouent déjà en profondeur le secteur des matières résiduelles et du recyclage au Québec et dans le monde, disons que le moment est très mal choisi pour répondre favorablement aux doléances de la Ville de Saint-Hyacinthe. Et tout le monde va s’entendre sur ce point. Je n’ai vu personne sauter de joie à l’idée de devoir gérer un quatrième bac, même en modèle réduit. Le coup de sonde effectué par LE COURRIER avec la question Internet de la semaine est assez révélateur merci.
Il faudra trouver une autre façon d’alimenter de façon durable l’usine de biométhanisation. Ceux qui étaient jadis vus comme des champions de la biométhanisation ont encore pas mal de croûtes à manger en ce qui concerne la disposition des matières organiques. Nous sommes les cancres du bac brun, selon le portrait brossé par la Ville de Saint-Hyacinthe, tellement nous jetons à peu près n’importe quoi au bac brun, au risque de contaminer tout le reste et d’endommager l’équipement de l’usine.
Si le tri et les équipements actuels ne peuvent être améliorés, il est encore possible d’éduquer les gens. L’a-t-on véritablement fait? A-t-on assez tapé sur le clou et multiplié la durée et l’intensité des campagnes visant à sensibiliser le grand public à la gestion efficace des bacs à déchets? Il y a encore du travail à faire de ce côté.
Sans parler de tout l’aspect répressif qu’il faudrait peut-être envisager. Le temps est-il venu de créer une police du bac brun et de partir à la chasse aux fautifs? D’imposer des amendes à ceux qui ne se soucient pas ou peu de ce qui va dans le bac noir, le vert ou le brun?
Voici une voie à explorer. Elle est un peu extrême, mais c’est souvent en passant par le portefeuille des gens que l’on arrive à changer les habitudes efficacement.
La voie de l’éducation et de la répression a certes plus d’avenir que la voie d’une collecte à trois voies et à quatre bacs. Cette dernière idée proposée par la Ville de Saint-Hyacinthe mérite de prendre la voie d’évitement.
À la poubelle!