Son crime? Avoir demandé un congé sans solde pour participer à une émission de téléréalité, se l’être fait refuser, puis avoir décidé, sachant qu’elle s’exposait à un congédiement pour rupture de contrat, d’abandonner sa classe pendant quelques semaines à une enseignante retraitée. Cette dernière avait été recrutée par Mme De Braekeleer en dehors de l’environnement immédiat du Centre de services scolaire afin d’éviter de solliciter une remplaçante sur la courte liste de rappel. Malgré toutes ses précautions, Mme De Braekeleer s’est butée aux règles et à l’intransigeance du Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe qui a mis sa menace à exécution en confirmant son renvoi. Est-ce décevant? Absolument.
Faut-il s’étonner d’autant de rigidité administrative? Pas tant.
Il faut savoir que, depuis la pandémie, le service des ressources humaines du CSSSH appliquerait la ligne dure au niveau des congés sans solde et des vacances, pénurie de personnel oblige. C’est connu et accepté, même du syndicat des enseignants. Peu importe la raison, à part sur présentation d’un billet de médecin, les employés sont priés de considérer que les congés ne sont pas autorisés. Les directions d’école ont bien un droit de gérance limité qui leur permet d’autoriser les vacances de quatre jours ou moins, mais passé ce seuil, la décision est laissée au bon jugement (!) des ressources humaines. Et puisque le CSSSH compte près de 3350 employés, on ne prend pas trop la liberté de tracer la ligne entre ce qui est acceptable ou pas, voire de considérer ce qui serait bon ou mauvais pour l’image du CSSSH. C’est plus simple et plus rapide de dire non.
Vrai, si le congé de Mme De Braekeleer avait été autorisé dès le départ, il n’y aurait pas eu de bombe nucléaire au niveau des communications. Mais blâmer la direction des ressources humaines pour ce fiasco est trop facile. C’est le conseil d’administration qui doit porter l’odieux de cette affaire pour avoir confirmé le renvoi plutôt que de recommander une sanction moins radicale comme un simple blâme ou, à la limite, une suspension. Divisé sur la question, le conseil d’administration n’a pourtant rien corrigé du tout. Il aurait pu et dû. Et personne n’aurait trouvé à redire, à part quelques profs jaloux. Le public, lui, aurait salué la bonne gouvernance. Même que le CSSSH aurait pu profiter de la visibilité gratuite que lui procurait la participation de l’une de ses enseignantes à une populaire émission de télévision, où elle ne déshonore pas sa profession ni son organisation, pour rehausser son image. Un collège privé de Montréal a eu ce flair dans une situation similaire, alors que chez nous, tout le contraire est arrivé. La réputation du CSSSH en a pris pour son rhume, et ce, même si Mme De Braekeleer a pu retrouver sa classe de troisième année à l’école Saint-Thomas-d’Aquin.
Est-ce un revirement de situation provoqué par la mauvaise presse, par l’appui de la Team Deb de son école ou par une pétition? Plutôt une sorte d’arrangement auquel souscrit une enseignante qui se retrouverait devant rien et une classe à l’abandon. Une enseignante compétente, dévouée et appréciée qui terminera l’année avec ses élèves, mais qui ne sait pas trop ce que lui réserve l’avenir et si elle récupérera son ancienneté perdue. Sa sanction demeure et la ramène à la case départ. Et on la traite comme une enfant d’école au moment de la réintégrer. Complètement ri-di-cule.
Avec ce fiasco sur le plan de l’image, le CSSSH vient de bousiller tous les efforts de recrutement qu’il a consacré ces dernières années pour se donner des airs d’employeur de qualité. Dépourvu de leadership dans ce dossier, le directeur général du CSSSH, Jean-Pierre Bédard, n’a pas eu le courage d’assumer ses responsabilités. Il a préféré serrer les fesses et attendre que la tempête passe.
Sur le plan stratégique, en voilà un qui est très mal conseillé et qui n’aurait certainement pas fait long feu à Survivor Québec.