1 juin 2023 - 07:02
Urgence de l’Hôpital Honoré-Mercier
Accouchement réussi
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

«L’accouchement a été douloureux, pénible et le travail a été long, mais le bébé est en santé », c’est avec cette image pleine de sens que le Dr Jocelyn Dodaro, chef de l’urgence de l’Hôpital Honoré-Mercier, a conclu notre conversation, au terme de l’inauguration réussie de son nouvel environnement de travail.

La fierté se lisait sur son visage et s’entendait dans sa voix. Tout un contraste avec le docteur en colère qui nous avait contactés au printemps 2014 pour exprimer ouvertement et sans détour son ras-le-bol sur la situation qui prévalait à l’urgence il y a près de 10 ans. « Nous acceptons mal de devoir travailler dans une urgence désuète, avait-il dénoncé à ce moment. Il y a beaucoup d’infirmières qui ont l’impression de ne pas avoir bien fait leur travail. Elles ont l’impression de botcher. Certains médecins sont parfois inquiets lorsqu’ils laissent partir leurs patients. Ils auraient aimé les garder plus longtemps, mais ce n’est pas possible. »

Une décennie plus tard, son discours a changé. Lundi, il rayonnait presque autant que les parquets de l’urgence flambant neuve que les gestionnaires, médecins, infirmières et autres employés de soutien ont espérée, puis attendue pendant si longtemps. Maintenant que les installations sont adéquates et optimales pour soigner les malades, ressent-il une pression supplémentaire pour livrer la marchandise et la faire rouler rondement? Urgence neuve ou pas, il répond que la pression est toujours au rendez-vous dès qu’un patient doit attendre plus que cinq minutes à l’urgence.

Il affiche pourtant une confiance à toute épreuve de pouvoir maximiser ces nouvelles installations pour en tirer tout le potentiel, d’autant plus que son équipe a mis en place de nouvelles façons de faire dans la prise en charge des patients qui passent par l’urgence. Les simulations vont bon train dans la zone d’intervention rapide ces temps-ci. L’objectif de l’équipe est que le taux d’occupation de l’urgence soit toujours inférieur à 100 %. Moins de patients qui s’entassent sur les civières signifie plus de temps disponible à accorder aux gens qui se présentent à l’urgence. Et pour maximiser le roulement à l’urgence, toute l’organisation a été mise à contribution, souligne le Dr Dodaro. Il y a eu la mise en place d’un guichet d’accès populationnel qui permet la réorientation et la prise en charge en clinique de certains patients dans un délai d’environ 24 heures et le réaménagement du 11e étage en unité de soins de 28 lits. Cette dernière option est en place depuis un an, mais elle n’avait pu être déployée avant faute de personnel. C’est fait.

Tout comme le ministre de la Santé Christian Dubé, le chef de l’urgence juge que 26 civières est un nombre de civières tout à fait approprié pour un hôpital régional de la taille de celui de Saint- Hyacinthe. Le débat n’est pas là à son avis. « Ce qu’il nous faut, c’est davantage de lits libres et disponibles à l’hôpital et en CHSLD afin de pouvoir transférer rapidement les gens qui sont à l’urgence en attente de soins ou d’une hospitalisation. Il faut avoir la marge de manœuvre pour libérer nos civières dès que possible et nous avons mis en place des options intéressantes. Les gens doivent réaliser qu’un problème à l’urgence n’est pas le reflet d’une urgence problématique, mais plutôt un problème d’hôpital. »

Même si les corridors de la nouvelle urgence sont vastes et invitants, le Dr Dodaro prévient qu’ils n’ont pas été pensés et aménagés pour y ajouter des civières en cas de besoin, à moins d’une extrême nécessité. On a aussi appris avec soulagement qu’avec l’ouverture de la nouvelle urgence, on ne devrait plus revivre une situation comme celle de l’an dernier quand, faute d’option, un cadavre en décomposition avait dû séjourner pendant deux heures dans le garage de l’urgence, à l’abri des regards indiscrets. « Nous n’avons plus vraiment de garage et nous travaillons aussi sur un nouveau protocole avec les ambulanciers. Si tout va bien, d’ici l’automne, ceux-ci n’amèneront plus à l’urgence des gens en état de mort évidente depuis quelques jours. On ne verra plus ce genre de situation et c’est tant mieux. »

Bref, les Maskoutains ont maintenant accès à une urgence à la fine pointe et à des protocoles améliorés. Le contenu est donc à la hauteur du contenant.

On ne va certainement pas s’en plaindre, mais plus tard j’aurai à le vérifier de l’intérieur et mieux je me porterai!

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