Elle créa ainsi l’étincelle redoutée qui fit son ravage en détruisant par le feu ton abri. J’ai souvenir de ta beauté et de ton son unique avec tes tuyaux en forme d’arche et tes grands tuyaux blancs ornés d’or rose. Toi et moi avions fait la noce quand nous avons souligné la Fête du patrimoine religieux en automne 2023. Je me souviens de mes doigts sur ton clavier et de tes sons produits par tes flûtes et rebondissant sur ma poitrine.
Dans un silence serein, ta place au jubé coiffée d’un clocher rassurant, tu étais en attente de livrer des mélodies choisies selon les circonstances de la vie.
En harmonie et en complicité avec la cloche cohabitant votre abri, vous avez chanté naissances, mariages et grands départs de nos défunts et défuntes. Cette cloche sonna par deux coups son chant d’adieu au moment précis où le clocher fut dévoré par des flammes intenses et sans retenue.
Et toi, église de Saint-Ours, qui fut rassurante, accueillante, l’histoire en est témoin, tu étais, chère église, un endroit de rassemblement et de recueillement.
Nous avons en mémoire, résidents de Saint-Ours, ces moments dans lesquels l’église était à guichet fermé, en référence à cette expression dans le milieu artistique. Des centaines de personnes étaient réunies et j’imagine toutes les conversations sur ton pavé.
Tu as aussi été un lieu permettant aux artistes, tels que peintres, sculpteurs, et autres, d’exposer leurs œuvres respectives.
Du coup, chère église, de notre indifférence involontaire et innocente à ta présence architecturale, dans les jours à venir et pour longtemps tu vas nous manquer.
Au-delà de l’horreur de ton agonie, par la vision de ces flammes impitoyables, je vais garder en mémoire la vision de ton clocher de ma fenêtre résidentielle. Je vais garder en mémoire ta grandeur et cette image que tu projetais à des kilomètres à la ronde.
Par ton départ, peut-être aurons-nous un souci plus présent de notre patrimoine et de notre histoire.
René Auger, pianiste de Saint-Ours