C’est en plein ce qui vient de se produire dans le dossier de la relocalisation des activités des Encans de la ferme de Saint-Hyacinthe.
Après avoir essuyé des refus de la part de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), et alors qu’on n’y croyait plus vraiment, le chien de garde du territoire agricole a donné le feu vert.
Le promoteur Réseau Encans Québec (REQ) pourra finalement aller de l’avant avec le transfert de ses activités de Saint-Hyacinthe à Saint-Simon, sur un terrain vacant de 5,25 hectares qui servait, au tournant des années 2010, à entreposer de l’acier, des matériaux de construction et même de l’équipement marin et récréatif le long de l’autoroute 20, près de la sortie 147.
Ce revirement de la situation confirme ce que l’on savait déjà, soit le caractère imprévisible des décisions de la CPTAQ, elle dont la logique des ordonnances est souvent aussi difficile à suivre qu’un discours de Donald Trump.
On en avait déjà eu une preuve éloquente dans le dossier de l’usine Exceldor à Saint-Hyacinthe, et le cas des Encans de la ferme s’inscrit dans la même veine. D’autant plus que personne, exception faite de la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie, ne voyait un potentiel agricole quelconque dans le site de Saint-Simon, acquis par REQ à l’automne 2022.
Le maire de Saint-Simon, Simon Giard, a lui-même confié lors des audiences qu’il y aurait eu par le passé pour 1 million de dollars de gravier étendu sur ce terrain pour y aménager une aire de stationnement et d’entreposage, suggérant par là un obstacle de taille pour un retour éventuel à l’état de culture.
Au fil des démarches, REQ n’a cessé de revoir son projet qu’il qualifiait lui-même de « para-agricole qui s’apparente à une exploitation animale » et qui laisse entrevoir de nettes améliorations par rapport à ce qui existe à Saint-Hyacinthe. Une nouvelle bâtisse plus grande et plus fonctionnelle permettra de recevoir les bêtes avant l’encan et de les garder après, et ce, 12 mois par année. De plus, une fosse à fumier est prévue pour disposer des déjections animales de manière plus adéquate. Ce dernier détail n’est pas à négliger si l’on considère que cet encan accueille environ 700 bovins, 1800 moutons et 1400 veaux par semaine.
Mais plusieurs seront sans doute déçus d’apprendre que le promoteur a dû renoncer à déménager son populaire marché aux puces et à permettre toutes activités commerciales connexes sur son terrain.
Il devra dorénavant se concentrer sur son activité principale, l’encan d’animaux. REQ se targue d’ailleurs d’être le plus important regroupement d’encans d’animaux vivants de l’est du Canada, avec 80 % des parts de marché du commerce d’animaux dans les encans.
L’UPA dispose de 30 jours pour contester cette dernière décision rendue le 25 octobre. La rumeur veut qu’elle se résigne et dépose les armes, mais on ne peut jurer de rien tant que la Sainte-Catherine ne sera pas derrière nous.
Il serait quand même surprenant de voir l’UPA s’obstiner à aller contre l’intérêt de la région, voire de ses propres membres. Le promoteur peut en effet compter sur l’appui des fédérations de producteurs bovins et ovins et de la Municipalité de Saint-Simon, avec en tête son maire aussi préfet et fier cultivateur.
Jefo Immobilier, qui a acquis le site des Encans de la ferme à Saint-Hyacinthe pour 16,8 M$ au printemps dernier, entend pour sa part revitaliser ce vaste site dès que le déménagement de REQ sera terminé. Des immeubles commerciaux et résidentiels sont dans ses cartons. Adieu veaux, vaches, moutons, vous serez mieux à Saint-Simon, et ce, sans entacher la vocation agricole de la MRC des Maskoutains. Voilà une heureuse conclusion.