Par un beau dimanche soir d’été, sur la rue Girouard Est, la police est envoyée pour disperser une centaine d’adolescents qui y faisaient un party improvisé. Émoi chez certaines voix qui en profitent pour glousser leurs benwoyondon, çatudelalure et ousquonsenva habituels quand ils voient ce type de nouvelle passer sur les réseaux sociaux.
Ces commentaires me font toujours bien rire. Comme si les jeunesses précédentes ne s’étaient jamais regroupées « quelque part pas rapport » pour s’amuser, rire et parler fort pendant que d’autres dormaient. Comme si certains avaient commodément oublié avec le temps ce qu’était l’essence même de la jeunesse, qui est de se retrouver, se rassembler et fêter de toutes les manières possibles le fait d’être en vie.
Ou peut-être est-ce de la jalousie? Parce que les plaignants n’ont pas trouvé le moyen durant leur existence de faire la moitié du quart de ce que ces jeunes viennent de faire et parce que les réussites et les coups d’éclat de la jeunesse les mettent mal à l’aise face à leurs propres regrets. Peut-être est-ce de l’envie? Peut-être se mordent-ils les joues de ne pas avoir eu le culot de les rejoindre, de les remercier et de les encourager plutôt que de les juger et de les sermonner?
Dans les chaudes nuits d’été, des jeunes s’amusent, des vieux s’en offusquent. Et quand j’emploie le terme « vieux », rassurez-vous, je ne fais pas ici référence à l’état du corps, mais plutôt à celui de l’esprit. Comme dit ma mère : « Y en a qui sont morts à 25, mais qu’on enterre à 75! »
D’une certaine manière, ces adolescents sur la rue Girouard Est, dans les alentours du cimetière de la cathédrale, fêtaient peut-être aussi le temps qui les sépare de la tombe et c’est tant mieux. Plusieurs auraient avantage à faire comme eux.