Dans un premier temps, les religieuses ont renoncé à faire construire une nouvelle résidence dans le boisé à l’arrière du couvent actuel de la rue Girouard. Il y a pourtant quelques années qu’elles caressaient ce projet qui devait même permettre d’accueillir les Sœurs de la Charité de Saint-Hyacinthe sous un même toit. Elles n’ont toutefois pas eu beaucoup de chance dans le choix de leurs partenaires. Sans grande surprise, le dernier promoteur en lice, le Groupe Fari, s’est désisté en blâmant les augmentations des coûts de construction ainsi que la situation économique instable. Il faut dire qu’il ne semblait pas avoir les reins très solides, lui qui avait entre autres blâmé la hausse du prix des matériaux pour motiver le report d’un projet similaire dans la région de Rimouski l’été dernier. Cela dit, est-ce que Saint- Hyacinthe avait besoin d’une résidence pour personnes âgées de plus et d’un espace vert de moins? Je ne pense pas.
D’autant plus que l’on comprenait mal en quoi le couvent actuel, reconstruit à neuf après l’incendie dévastateur du Collège Saint-Maurice en 1992, pouvait ne plus répondre aux besoins actuels des religieuses et représenter pour elles un si lourd fardeau à porter. Dans le contexte économique actuel, il est certes beaucoup plus sage et économe pour les sœurs et leurs partenaires de mettre leurs billes ailleurs que dans ce projet de nouvelle résidence. On ignore encore ce que décideront les Sœurs de la Charité, mais celles de la Présentation de Marie ont annoncé qu’elles délaisseront tout de même leur maison-mère Marie-Rivier. Elles la quitteront progressivement au profit de résidences privées ou de CHSLD à Saint-Hyacinthe, à Sherbrooke ou ailleurs, selon leurs préférences. La congrégation prépare pour ainsi dire sa sortie, mais pas la fin de sa mission pour autant. Elles ont même trouvé le moyen d’assurer leur pérennité à travers l’éducation en confiant leurs biens immobiliers au Collège Saint-Maurice (CSM), l’école secondaire privée qu’elles ont fondée en son sein en 1876. Il reviendra maintenant à la direction du collège de perpétuer l’âme et l’œuvre bienveillante des Sœurs de la Présentation de Marie.
Avec la bénédiction des religieuses, le CSM a eu l’idée lumineuse d’inviter La Petite Académie du boisé, la seule école préscolaire et primaire privée de Saint-Hyacinthe, à s’installer auprès d’elle dans l’ancienne maison-mère qui sera transformée en complexe multidisciplinaire et communautaire. C’est à la fois généreux et stratégique, d’autant plus que La Petite Académie cherchait depuis quelques années à se relocaliser hors du Séminaire de Saint-Hyacinthe. Les deux écoles pourront donc tirer profit de cette relation de proximité, même que je ne serais pas surpris qu’un jour pas si lointain, ces deux écoles décident d’unir leurs forces et leurs équipes respectives. Tant qu’à opérer un rapprochement, autant aller au bout de la démarche, non?
On comprendra donc aussi par la bande que l’idée de transformer la maison-mère Marie-Rivier en HLM gérée par l’OMH a été définitivement abandonnée. C’est l’option que caressait la Ville de Saint-Hyacinthe lorsque le projet de construire un complexe d’habitation dans le boisé des sœurs a été annoncé en mars 2021, avec l’appui du Groupe Lokia en tant que promoteur. La Ville avait déjà fait des démarches pour reprendre l’ancien couvent pour y faire du logement social et abordable au bénéfice d’une clientèle défavorisée, ce qui n’est pas la clientèle cible, disons-le, du Collège Saint-Maurice.
On raconte encore aujourd’hui que cette révélation précipitée de l’OMH avait soulevé l’ire autant des religieuses que de la direction du Collège Saint-Maurice, tant et si bien que le projet Lokia a avorté.
Deux ans plus tard, la solution annoncée sobrement la semaine dernière est gagnante pour tout le monde, dans la mesure où même la Ville de Saint- Hyacinthe n’aurait plus eu vraiment les moyens financiers de s’engager à fond dans la transformation de l’ancien couvent des religieuses.
Tout est bien qui finit bien. Amen.