C’est un jeune retraité de 61 ans qui s’est plié à cet exercice de 90 minutes qui nous aura permis de revenir sur les dossiers chauds des sept dernières années qu’il a passées aux commandes de l’organisme maintenant voué au développement économique de toute la grande région de Saint-Hyacinthe. À l’heure du bilan, il nous est apparu radieux et en pleine possession de ses moyens. Pas question de régler de vieux comptes avant de partir ni de décocher quelques flèches trempées dans le vitriol, du moins pas aujourd’hui.

« Je suis totalement serein, confie-t-il tout de go. Je quitte une organisation en santé, à l’image de notre économie régionale. Notre plus récent bilan annuel est là pour en témoigner et je pense que le mien comme directeur général est assez bon. J’ai quand même été privilégié puisque l’économie a toujours bien soutenu notre travail pendant mon mandat, malgré les embûches que nous ne pouvions pas prévoir. »

Depuis sa nomination en octobre 2015, après un intérim de quelques mois, il s’est passé bien des choses qui ont eu une incidence considérable sur son travail. Le modèle de développement économique de la région a traversé non sans heurts une longue période de transition. André Barnabé a d’abord dû composer avec la fusion forcée entre la Cité de la biotechnologie, le Bureau de tourisme et la Corporation de développement commercial sous la gouverne de Saint-Hyacinthe Technopole afin de veiller aux intérêts économiques de la Ville de Saint-Hyacinthe. Puis, il a vu la dissolution du Centre local de développement aussitôt remplacé par Développement économique de la MRC des Maskoutains, chargé de stimuler l’économie de l’ensemble de la MRC des Maskoutains.

Ce modèle de développement à deux têtes a perduré de peine et de misère pendant six ans, soit jusqu’au printemps 2021, bien que DEM ait fonctionné sur le respirateur artificiel pendant pratiquement les deux dernières années. C’est en avril 2021 que les activités de DEM et de Forum-2020 ont été intégrées à Saint- Hyacinthe Technopole à titre de guichet unique de développement régional, pour le plus grand bonheur d’André Barnabé.

« Nous sommes revenus au modèle qui existait et qui fonctionnait très bien du temps de la Corporation de développement économique en 1994. La cohabitation avec DEM n’a pas été un irritant majeur. Non, ce qui l’a été, c’est tout le temps qui a été nécessaire pour accoucher de la nouvelle structure intégrée. Cela s’est étiré sur trois ans pour toutes sortes de raisons et cette période d’incertitude a été éprouvante pour bien des individus à l’interne. »

Plus éprouvant encore que ces transformations structurelles, il y a tout ce qu’on ne peut contrôler et qui nous tombe dessus sans prévenir. Une pandémie par exemple, un élément perturbateur qui a affecté les deux dernières années de règne du directeur général.

« En sept ans, toute organisation évolue et est confrontée à de l’imprévu et à des éléments incontrôlables. La pandémie, il a fallu y faire face et nous mobiliser en équipe. Deux ans plus tard, on peut dire que nos entreprises et gens d’affaires ont fait preuve de beaucoup de résilience. Il faut dire que le tissu industriel était solide et le fait que notre économie soit articulée autour de la transformation alimentaire a été un avantage. Pandémie ou pas, les gens doivent continuer de manger trois fois par jour.

Et le ralentissement inévitable de la première année de pandémie a été en quelque sorte rattrapé l’an dernier. Tout n’est pas gagné, mais on constate un rattrapage certain au niveau des investissements manufacturiers et commerciaux qui ont été près de sommets historiques en 2021. »

Au cœur d’une économie florissante, il laisse donc une équipe bien rodée et une organisation en excellente santé financière, confortablement assise sur un actif net de 44,2 M$, dont des immobilisations corporelles de 38,4 M$. Il laisse à sa remplaçante le mandat de poursuivre dans le sillon qu’il a tracé, lui qui connaît les rouages de l’organisation mieux que quiconque.

Rappelons qu’il a été commissaire industriel à la Corporation de développement économique et industriel de Saint-Hyacinthe de 1994 à 1998, avant de bifurquer vers le Fonds de solidarité de la FTQ, puis d’occuper le poste de PDG de l’Alliance Boviteq. Son retour à la direction de Saint-Hyacinthe Technopole lui permettait donc de boucler la boucle, lui qui a été administrateur de la Cité de la biotechnologie, l’ancien nom de Saint-Hyacinthe Technopole, dès sa création en 2003.

Le fait que le comité de sélection a retenu la candidature de Karine Guilbault, directrice du développement industriel de Saint-Hyacinthe Technopole depuis cinq ans et commissaire au développement entrepreneurial du CLD Les Maskoutains à la belle époque, lui permet de partir l’esprit tranquille, en confiance. « Elle arrive avec sa couleur et ses idées, mais je sens qu’il y aura une belle continuité à travers ça, ce qui est bon et souhaité pour l’organisation. Pouvoir recruter du talent à l’interne est toujours un beau privilège. »