Par son originalité, l’exposition devient une expérience immersive pour le visiteur. Déjà magnifiques à la clarté avec leurs couleurs vives, les œuvres s’illuminent lorsqu’on éteint les néons et que la lumière noire (blacklight) fait son effet sur les couleurs fluorescentes utilisées. Puis, à la noirceur complète, la lumière emmagasinée par les traits de couleurs phosphorescentes ressort, montrant même certains éléments qu’il était impossible de voir à la lumière.
C’est presque par accident qu’Andréanne Rioux a découvert cet effet artistique qui est ensuite devenu un terrain de jeu immense.
« J’ai peint pendant un an environ avec ces couleurs fluorescentes sans savoir qu’à la lumière noire, ça devenait extraordinaire, raconte-t-elle. Ce qui m’intéressait, c’était la luminosité et le vivant des couleurs, comme le jaune super lumineux. J’ai toujours été très colorée, non seulement comme personne, mais aussi dans mes œuvres, puis ces couleurs amenaient un niveau de contraste encore plus grand. À un moment donné, j’ai vu quelque part que la peinture que j’utilisais donnait un effet avec la lumière noire. Je me suis acheté une petite lampe de poche [à la lumière noire] et l’entièreté de mon atelier s’est illuminée. »
À ce moment, la peintre avait terminé cinq toiles avec des couleurs fluorescentes, sans se douter du potentiel qui se cachait en elles. « Quand j’ai réalisé ça, j’ai eu un wow monumental », souligne-t-elle. Cette découverte a complètement changé son approche dans la réalisation de ses toiles et lui a permis de jouer avec les niveaux de lecture.
« En tant qu’art-thérapeute, ça fait beaucoup de sens pour moi. À la lumière naturelle, on est en surface, puis plus on descend dans les niveaux de lumière, plus on va dans la profondeur de la toile et de l’esprit créateur. »
Tout près d’une trentaine de toiles sont regroupées dans la cadre de cette exposition, la deuxième seulement qu’Andréanne Rioux présente en solo. Pendant plusieurs années, elle a été administratrice de la galerie 1855, exposition collective au centre-ville de Saint- Hyacinthe. Elle y a présenté certaines de ses peintures à l’occasion.
« La première exposition que j’avais présentée était très différente. C’était des œuvres que j’avais faites avant d’arriver à Saint-Hyacinthe et lors de mes deux premières années ici. Il y avait des personnages aussi, mais c’était plus des autoportraits de mes personnages intérieurs et je montrais comment je suis arrivée à Saint-Hyacinthe. »
Pour concocter cette nouvelle exposition en solo, Andréanne Rioux avait bénéficié d’une aide du Conseil de la culture de Saint-Hyacinthe grâce à une bourse de soutien à la relève professionnelle. Il s’agit d’ailleurs pour elle d’un pas de plus en vue d’être reconnue à titre d’artiste professionnelle. « Avec cette exposition, j’ai de la matière pour me développer encore davantage », estime celle qui ne cache pas son ambition d’exposer à Montréal un jour.
L’exposition Se créer en couleurs est présentée jusqu’au 16 février à la bibliothèque Sainte-Rosalie. Elle sera ensuite installée à la bibliothèque T.-A.-St- Germain du 17 février au 14 mars.