« J’ai hâte parce que ça fait longtemps que je pense à comment cet album va vivre sur scène. J’ai l’impression que ça va être intense, mais ça va être le fun à faire », lance-t-elle lors d’un entretien téléphonique avec LE COURRIER.
Ariane Roy décrit Dogue comme un album plus frontal et permissif que son prédécesseur, medium plaisir, qui était plus ancré dans l’introspection. Et ça s’entend, autant musicalement que dans les paroles. C’est droit au but, parfois cru et résolument assumé.
« Ce qui est intéressant avec la musique, c’est qu’on crée un espace pour aller puiser dans les sphères de notre vie qui sont parfois plus difficiles à mettre de l’avant. On peut le canaliser dans la musique et dans l’art », souligne celle qui avait été sacrée Révélation de l’année au Gala de l’ADISQ en 2022.
« J’ai aussi à apprendre de l’album, poursuit-elle. Les moments où je me sens moins confiante ou plus insécure, je peux revenir à ce que j’ai écrit et composé en sachant que c’est une partie de moi qui s’est matérialisée. Pas qu’elle n’était pas là avant, mais [la musique] est un lieu où elle existe à part entière. »
Dès la première chanson, « Dogue », Ariane Roy met la table avec un refrain chargé d’une image puissante et forte. « Et la chienne se montre enfin / Qui s’incline devant les chiens / Vas-y lance la balle, attends jusqu’à demain », chante-t-elle après avoir dédié son album « à toutes les chiennes ».
Malgré la lourdeur associée à la connotation de ce terme, il y a quelque chose de libérateur dans son utilisation pour Ariane Roy. « C’est une façon de se le réapproprier et de redéfinir le mot pour que ce soit plus une forme d’affirmation et de liberté de qui on est », explique-t-elle au bout du fil.
Une certaine colère émane çà et là des chansons de Dogue, mais une part de douceur se faufile néanmoins sur cet album. En plus de la chanson « Âmes sœurs », une ode à la sororité pour sa bonne amie Lou-Adriane Cassidy en réponse à la chanson « Ariane » que cette dernière lui avait justement écrite sur son nouvel album, Ariane Roy rend aussi hommage à sa mère avec la pièce « Une cigarette sur le balcon ».
« J’ai une relation quand même très proche avec ma mère. On a traversé beaucoup de choses ensemble dans notre relation. Quand on se voit dans nos parents, il y a quelque chose de confrontant. On peut se comprendre facilement, on partage des qualités, mais on partage aussi plusieurs défauts. J’ai l’impression que le recul qui est venu après l’adolescence et le début de la vingtaine a amené avec lui un grand respect pour une personne qui m’a appuyée et qui m’a montré beaucoup d’empathie dans la vie. C’était une façon aussi d’assumer mon propre chemin et de la remercier. C’est sûrement la chanson la plus vulnérable et intime de l’album », raconte la chanteuse.
Pour Ariane Roy, la tournée qu’elle s’apprête à lancer sera un retour à la formule en solo – bien qu’elle sera accompagnée de quatre musiciens sur scène – après la longue épopée vécue avec Le Roy, La Rose et Le Lou[p] aux côtés de ses bons amis Lou-Adriane Cassidy et Thierry Larose, un spectacle primé au dernier Gala de l’ADISQ.
« C’était pour nous une opportunité d’avoir les moyens de faire un spectacle à la hauteur de nos ambitions en étant dix sur scène. Mais pour se permettre ce genre d’ambition, il fallait être rigoureux et disciplinés dans la façon de le faire. J’ai beaucoup aimé cette façon de travailler et je la transporte avec moi [en vue de ma prochaine tournée] », raconte-t-elle.
Cette expérience hors de l’ordinaire lui a d’ailleurs montré qu’elle pouvait « se donner le droit d’oser ». Et c’est exactement ce qu’elle fait avec Dogue.
