Il fait trop chaud, pleurnichent mes aisselles pendant que je me dégouline dessus au-dessus de mon clavier. J’aimerais tellement vous écrire une chronique sur l’Islande, l’intérieur d’un frigidaire ou l’histoire de la petite goutte d’eau qui voulait devenir un grand glaçon, mais je n’y arrive pas. Sur le thermomètre, le mercure est à broil et je ne pense qu’à la température, au facteur humidex et au ressenti des raies.
Mes doigts transpirent à vous écrire alors que je m’évapore par tous les pores et la seule chose qui me fait du bien est de savoir que des gens travaillent dehors… En pensant aux gens en agriculture, en horticulture, sur les chantiers et des travaux publics, et ce qu’ils peuvent endurer, j’arrête de me plaindre drette, frette, sec.
À tous ces gens qui nous permettent, beau temps mauvais temps, de nous alimenter, de nous abreuver et de nous déplacer, on devrait élever une statue ou mieux, une statue-fontaine. Mes petits tracas disparaissent dès que je vois une fraise fraîchement cueillie ou un signaleur routier agitant sa pancarte dans les vapeurs d’asphalte.
Je me tais, je ralentis et je mange ma fraise. Je profite du moment où le film est sur pause pour penser à tout ce que ça a pris pour que je puisse savourer cette fraise-là. Ralentir. Tiens, ça c’est encore la façon la plus facile, accessible, et la moins coûteuse de résister à une canicule. Ne rien faire rapidement.
Ça tombe bien parce que vendredi, le solstice du 21 juin, c’est la journée internationale de la lenteur. C’est aussi le jour le plus long de l’année, idéal pour tout faire lentement, mais précisément, comme des astronautes.
Pour supporter la chaleur, retrouvez votre tortue intérieure. Profitez-en avant d’y être forcé par le temps.