26 octobre 2023 - 03:00
Violences au hockey mineur
Aux grands maux, les grands remèdes
Par: Martin Bourassa
Un aperçu de la campagne-choc de l’Association de hockey mineur de Saint-Hyacinthe sur les violences au hockey. Elle met en vedette Liam, le fils du président de l’association locale, Stephen Carroll. Ce dernier lance un appel au civisme et au respect. Photo gracieuseté

Un aperçu de la campagne-choc de l’Association de hockey mineur de Saint-Hyacinthe sur les violences au hockey. Elle met en vedette Liam, le fils du président de l’association locale, Stephen Carroll. Ce dernier lance un appel au civisme et au respect. Photo gracieuseté

« Dans notre sport zéro, tolérance pour les violences. Votre aide pour apporter un soutien positif aux joueurs, aux entraîneurs et aux officiels est attendue et appréciée. »

Ce message de courtoisie, dicté par l’Association de hockey mineur de Saint- Hyacinthe (AHMSH) est impossible à rater pour quiconque assiste à un match de hockey dans les deux arénas de Saint-Hyacinthe cette année. Il se retrouve placardé sur les murs surplombant les trois patinoires du Complexe Isatis et il sera bientôt apposé sur la bande de la patinoire du Stade L.-P.-Gaucher. Le message est clair, sans équivoque.

Il appelle les spectateurs et les parents à faire preuve de civisme et de courtoisie, deux valeurs qu’on ne retrouve parfois pas assez dans les estrades pendant un match de hockey. Cette campagne publicitaire grand format, qui sera aussi déployée sur les réseaux sociaux par l’AHMSH, prend la forme d’un rappel à l’ordre amical.

Elle a été imaginée par Stephen Carroll, président de l’association locale. Mais à l’écouter parler, cette campagne n’a rien d’un caprice. Elle s’imposait et était même nécessaire.

En discutant avec lui, on comprend vite qu’elle ne vise pas seulement à sensibiliser les parents et les spectateurs à modérer leurs ardeurs face à ce qui se passe sur la glace ou lors de leurs interactions avec les officiels ou les entraîneurs.

Stephen Carroll mentionne qu’elle vise aussi, et surtout, à tempérer les échanges qui se déroulent en dehors de la patinoire ou des vestiaires, et qui impliquent les parents et les dirigeants de l’association elle-même.

Des échanges qui dépassent trop souvent les bornes, déplore-t-il.

À sa deuxième année à la présidence, il se dit renverser de constater à quel point certains parents – une infime minorité, tient-il à préciser, mais une minorité tout de même envahissante – ont du mal à gérer leurs émotions.

C’est tout particulièrement vrai en début de saison au moment de la formation des équipes et du classement des joueurs entre les différents niveaux. Des parents déçus de voir leur rejeton dans le BB plutôt que le AA, ou même dans le C plutôt que le B ne se gênent plus pour prendre à partie les instances de l’AHMSH, formées de BÉNÉVOLES qui aiment le hockey et qui se soucient avant tout de l’intérêt des enfants.

Il faut que ça change

Même si cette frustration n’est pas nouvelle dans l’univers du hockey mineur, les parents d’aujourd’hui laissent trop souvent les gants blancs de côté quand vient le temps d’exprimer leur point de vue. « C’est pire que pire, constate le président Carroll. On se fait engueuler, challenger, menacer, brasser émotivement. J’ai perdu deux collègues récemment en raison de toute cette pression malsaine. Je ne gère pas du hockey en tant que président, je gère des crises à répétition. De novice à junior, les critiques viennent de partout et elles ne sont pas anodines. Les parents n’ont plus aucun filtre. »

Encore une fois, il ne veut pas généraliser ni lancer la balle à tous les parents. La grande majorité (silencieuse) comprend qu’il s’agit d’un jeu et que leur enfant, aussi doué et passionné est-il, n’est pas le prochain Wayne Gretzky. Quelques-uns seulement font beaucoup de tapage et de dommages, sans toujours le réaliser. C’est à eux, qui ne savent pas toujours se reconnaître, que s’adresse la campagne-choc de l’AHMSH.

« Le message à retenir est simple : il faut que ça change, il faut se calmer un peu. Il faut que le savoir-vivre et le respect reviennent à l’aréna et dans nos rapports entre nous. On dirait que le civisme s’est perdu en chemin et je ne sais pas pourquoi. La pandémie a-t-elle rendu les gens plus intolérants? Personnellement, je ne me suis jamais fait autant dénigrer et crier après que depuis que je suis président du hockey mineur et ça vient de gens qui ne me connaissent pas! On m’appelle parfois à la maison à 21 h le soir pour me donner de la marde, c’est un non-sens. Je ne veux pas faire pitié, mais c’est le prix à payer pour 35 heures de bénévolat chaque semaine. Je ne suis pas rendu sur les pilules ou à ne plus sortir de chez moi comme d’autres présidents de hockey mineur que je côtoie, mais je pense qu’il est important que le message soit entendu. »

Parlant de message, Stephen Carroll a fait passer celui de Hockey Canada au cours des derniers jours concernant les nouvelles règles à adopter dans les vestiaires. Des règles qui obligent entre autres les joueurs de hockey à se doucher en maillot de bain et à mettre leurs sous-vêtements à la maison ou dans la salle de bain du vestiaire.

L’AHMSH a dû préciser quelques consignes qui ont généré un peu d’incompréhension, mais dans l’ensemble, elles ont été bien accueillies, note celui dont il reste deux ans de mandat. « Je ne doute aucunement des bonnes intentions et de la pertinence de tout ça, mais en même temps, je me dis qu’il y aurait bien d’autres choses sur lesquelles il faudrait se pencher, à commencer par certains comportements. »

L’AHMSH compte cette saison près de 800 membres, de 4 à 21 ans. Sans compter tous les parents qui les côtoient à l’aréna, pour le meilleur et pour le pire.

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