7 février 2019 - 11:11
Dézonage de terres agricoles
Avantage UPA
Par: Martin Bourassa
La Ville de Saint-Hyacinthe a perdu une bataille devant la Commission du territoire agricole du Québec (CPTAQ), mais elle n’a pas perdu la guerre. Sauf que la gagner sera un exploit considérable, voire improbable tant ce premier revers apparaît cinglant.

Dans sa tentative de convaincre la CPTAQ d’autoriser l’exclusion de la zone agricole d’une superficie de 23,6 hectares pour permettre l’agrandissement du parc industriel Olivier-Chalifoux, la Ville a peut-être frappé son Waterloo.

Le chien de garde du territoire agricole s’est en effet rendu aux arguments de l’Union des producteurs agricoles de la Montérégie en refusant, dans une orientation préliminaire, d’autoriser cet empiétement en zone verte, où doit en principe pousser la nouvelle usine d’Exceldor au terme d’investissements de l’ordre de 175 M$.

Selon la CPTAQ, la Ville de Saint-Hyacinthe a tout simplement été incapable de démontrer qu’il n’y a pas ailleurs sur son territoire et hors de la zone agricole un espace approprié disponible aux fins visées par la demande d’exclusion.

Il faut dire qu’elle a été aidée dans son raisonnement par une trouvaille de l’UPA qui a sorti comme par magie de son chapeau des terrains de 38 hectares, et pouvant bénéficier de droits acquis, pour permettre leur mise en valeur industrielle au bout du parc industriel Théo-Phénix, à proximité du parc Les Salines. Tout un coup de théâtre!

On comprend que les avocats de la Ville ont maintenant une trentaine de jours pour convaincre la CPTAQ que ces 38 hectares ne sont pas une option valable et ne doivent surtout pas être pris en considération. C’est tout un mandat!

Si la position de la Ville est de dire qu’une usine comme Exceldor ne serait pas à sa place dans le parc Théo-Phénix, près du poumon vert que représente le parc Les Salines, il faudra qu’elle nous explique pourquoi elle n’a pas remué ciel et terre pour empêcher la venue de Veolia au moment de son implantation.

Elle devra aussi motiver sa décision prise en 2016 de modifier le zonage du parc Théo-Phénix afin d’y autoriser les usages agroalimentaires à incidences faibles, moyennes et fortes. Selon l’explication du directeur général Louis Bilodeau, cela avait été décidé pour mieux affirmer le statut de technopole agroalimentaire de Saint-Hyacinthe dans un parc industriel où cette filière est présente et en expansion. Pensons à l’essor fulgurant de Jefo. Contrairement au conseiller Bernard Barré, il serait surprenant que la CPTAQ voie la possibilité d’y installer l’usine Exceldor comme un chien qui arriverait dans un jeu de quilles. Il nous tarde de lire la réplique de la Ville, pour qui une décision finale défavorable de la CPTAQ dans le présent dossier pourrait avoir des conséquences ÉNORMES. Il y a 175 millions de dollars et des centaines d’emplois en jeu. Et il n’est pas dit que cela sera suffisant pour émouvoir et attendrir les commissaires de la CPTAQ. Plusieurs commissaires industriels au Québec doivent saliver…

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