Un matin, je me lève de mon lit et je vois dans le corridor un gros tas de blocs Lego par terre. Pas grave. Je ne dévie pas de ma trajectoire, toute va ben aller, je vais facilement éviter ce piège trop évident.
Pendant que je marche, ma mémoire remonte. La veille, j’avais volontairement lancé des blocs sur le plancher avant de me coucher en promettant que je m’en occuperais le lendemain. Même que pendant la nuit, j’en avais lancé une autre poignée pour être bien sûr de penser à m’en occuper.
J’approche de la pile de pitons de plastique et, au lieu de ralentir, je fonce avec énergie! Ô surprise, je trébuche et me retrouve par terre, le derrière en douleur et la face en pleurs. « Ayoye, ouin,ouin, pourquoi ça m’arrive à mouinnnn? Ça doit être la faute à quelqu’un d’autre! »
En réalité, ça ne m’est pas arrivé personnellement. C’est arrivé au gouvernement. Résultat : une autre rentrée scolaire où on déplore le manque de ressources, le manque de profs, le manque de classe et qu’on se retrouve encore une fois le derrière en douleur en se demandant comment on a bien pu en arriver là pis c’est la faute à qui.
Pourtant, la situation était prévisible. Ça fait des années que les profs quittent, des années qu’on coupe dans les ressources et juste pour être bien sûr d’en rajouter, le 11 juillet dernier, juste avant les vacances, la CAQ annonçait couper 400 millions $ dans le budget d’entretien des écoles publiques.
Après, on aura beau se plaindre que le système craque de partout, que les conditions se détériorent, que les élèves sont parqués dans des roulottes, mais ce n’est quand même pas les voisins qui sont venus mettre des obstacles sur notre chemin dans notre propre maison.