5 mars 2015 - 00:00
Marie Gray
Baiser : les dérapages de Cupidon
Par: Kim Messier
Marie Gray

Marie Gray

Marie Gray

Marie Gray

Le célibat… Une vie en solo… subie ou choisie. Une occasion d’apprendre à se connaître. Un moment privilégié pour se pencher sur son passé, pour reconnaître ses erreurs et se les pardonner, pour ­exprimer ses désirs et profiter de sa ­liberté. Une liberté retrouvée, enviée, synonyme d’excitation, de découvertes, de rencontres, de plaisirs, d’illusions, d’idéalisation et d’espérances. Une ­liberté qui a un prix.

Être célibataire, c’est supporter la ­solitude, éprouver un sentiment de vide et d’échec. Parce qu’être heureux, c’est forcément vivre à deux, n’est-ce pas? Le couple est essentiel à l’accomplissement de son destin, pas vrai? Si oui, en 2015, comment fait-on pour trouver la bonne personne, cette âme soeur si indispensable?

Dans le roman Baiser : les dérapages de Cupidon, de Marie Gray, publié par Guy Saint-Jean Éditeur, le personnage ­principal, Julie, se retrouve célibataire à quarante-six ans. L’homme avec qui elle a partagé sa vie met soudainement fin à leur relation. Ayant elle-même songé à quitter son amoureux, Julie fait ­rapidement son deuil. Pour vaincre son célibat, assouvir ses désirs sexuels et, ­inconsciemment, trouver son âme soeur, avec l’aide de ses deux meilleures amies, Julie, naïve et idéaliste, s’inscrit sur un site de rencontres populaire.

Enthousiaste, elle lit plusieurs fiches d’hommes célibataires et passe des heures à explorer des profils. Après avoir enchaîné rencontres et aventures, ­l’excitation fait place au découragement. Julie est confrontée à une dure réalité : les ­apparences sont trompeuses dans le monde de la séduction et les attentes créent d’énormes ­déceptions.

Le roman de Marie Gray, truffé de scènes humoristiques et touchantes ­inspirées de sa propre expérience ainsi que de celles de ses amies ou ­connaissances, dresse un constat peu ­reluisant du célibat et des sites de ­rencontres. À travers son personnage principal, l’auteure démontre qu’il est facile de dénicher un ou plusieurs ­partenaires sexuels « jetables » pour ­assouvir ses fantasmes, mais qu’il est beaucoup plus difficile de trouver l’amour, surtout fin quarantaine. Elle ­expose aussi une tendance : le sexe sans attache, même s’il ne satisfait que ­temporairement, est répandu et valorisé. Pourtant, comme Julie, bon nombre de célibataires cherchent le grand amour.

L’héroïne de Marie Gray découvre que les sites de rencontres sont peuplés d’éternels insatisfaits, de menteurs et de manipulateurs. Même si Julie réussit à trouver plusieurs bons gars qui ne ­l’attirent pas, désillusionnée, elle prend la décision d’accumuler les aventures. À partir de ce moment, le vide s’installe en elle et l’habite. Julie se rend compte que le sexe ne remplace pas l’amour, ne comble pas ce manque d’intimité et de complicité qui caractérisent ses ébats ­torrides.

Ce roman divertit, mais suscite surtout une réflexion sur le célibat féminin et la vie de couple en 2015. Comme le spécifie l’auteure : « On ne cherche plus le père de nos éventuels enfants ni quelqu’un avec qui s’établir dans la vie. On a un vécu qui teinte nos perceptions des autres. Mais entre ça et les aventures d’un soir, qu’y ­a-t-il, au juste? ». Bonne question!

À travers les péripéties et les pensées de Julie, Marie Gray réussit, subtilement, à nous faire comprendre que la recherche de l’amour avec un grand A est plus ­complexe que jamais. En lisant le récit, les lectrices s’interrogent forcément sur le sujet. Est-ce possible et réaliste de ­trouver sa moitié? Pourquoi désirons-nous autant qu’une autre personne soit responsable de notre bonheur? Faut-il s’en tenir au modèle traditionnel : un homme et une femme ensemble? Est-ce que ça vaut la peine de se perdre dans les plaisirs charnels? Est-ce plutôt préférable d’attendre de rencontrer une personne avec qui l’acte sexuel voudra dire quelque chose? On baise ou on fait l’amour?…

Marie Gray est l’auteure des Histoires à faire rougir, traduites en ­14 langues et vendues à travers le monde. Depuis 2009, elle écrit ­également des récits pour ­adolescents avec les séries ­Oseras-tu? et Dans ta face! Baiser : les dérapages de ­Cupidon est le ­premier tome d’une série de trois ­romans. Déjà, plusieurs lectrices ont affirmé s’identifier au personnage de Julie ou d’une de ses amies. Le ­deuxième tome, Baiser : la vengeance de la veuve joyeuse, sortira en juin et mettra en vedette Maryse, la ­meilleure amie de Julie. Je peux vous dire que je vais dévorer ce livre du début à la fin!

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