Entretemps, les comptables du parti ont toutefois modifié quelque peu la cible du retour à l’équilibre budgétaire, la faisant passer de deux à cinq ans (le mandat d’un gouvernement, même majoritaire, ne dépasse pas quatre ans). « C’est parce que la catastrophe est tellement grosse que ça ferait trop mal de le faire en deux ans », a justifié M. Barré en parlant du « trou » de 71 G$ creusé dans les finances publiques par les quatre derniers budgets libéraux.
À l’opposé, Bernard Barré se dit déterminé à répéter le même tour de force que lui et ses collègues sont parvenus à réaliser au municipal pendant les années du maire Claude Bernier, lorsque la dette de la Ville de Saint-Hyacinthe a été carrément éliminée. Depuis ce temps, c’est plutôt le phénomène inverse qui s’est produit avec la dette municipale, principalement en raison de la construction du centre de congrès et de l’étagement ferroviaire du boulevard Casavant, en plus de diverses acquisitions immobilières réalisées au centre-ville, tout ça en quelques années seulement.
Sur la scène fédérale, depuis le début de la présente campagne, les conservateurs insistent cependant sur des promesses qui, comme l’évoque leur slogan, visent à remettre plus d’argent dans les poches des contribuables. Citons notamment une baisse d’impôt généralisée et divers crédits ciblés sur le transport en commun, les activités sportives des enfants et les régimes enregistrés d’épargnes-études, entre autres. Bref, rien pour se rapprocher de l’équilibre budgétaire. La manière d’y parvenir devrait être présentée dans le cadre financier du parti, à paraître prochainement. « C’est certain qu’il y aura une période de transition, a reconnu M. Barré, mais il s’agit de vivre selon nos moyens », a-t-il soutenu, rejetant « l’austérité » qu’anticipent ses adversaires advenant l’élection d’un gouvernement conservateur.
Le pétrole, ce mal nécessaire
L’aspirant député reconnaît sans hésiter que l’environnement est devenu une question d’importance pour les citoyens et qu’elle est là pour rester. Pour répondre à cet enjeu, il ne suffit pas d’adopter de grandes déclarations, a insisté M. Barré, il faut plutôt identifier des mesures « qu’on est capables de réaliser », référant ainsi au plan environnemental du parti, qui mise entre autres sur le développement de technologies vertes, l’abolition de la taxe carbone et la protection des cours d’eau et des milieux humides.
La réalité, a déclaré le candidat, c’est que la consommation d’énergie fossile ne va pas disparaître du jour au lendemain et que le pétrole reste encore « un mal nécessaire ». Tant qu’à en consommer, Bernard Barré plaide donc pour « l’autosuffisance » en misant sur les ressources canadiennes au lieu de l’importation, et sur les pipelines au lieu du transport par trains ou par camions.
De l’ambition à revendre
D’un naturel ambitieux, l’aspirant député fédéral assure voir grand pour Saint-Hyacinthe-Bagot, et bientôt Saint-Hyacinthe-Acton. « Je suis un fier Maskoutain et je crois en les gens de notre région. Ils méritent d’être supportés », a-t-il indiqué en promettant de se faire un ambassadeur du talent d’ici. Lui qui avait déjà déclaré vouloir « mettre Saint-Hyacinthe-Bagot sur la mappe » voit maintenant encore plus grand. « Je veux qu’on soit connu au niveau mondial », a-t-il affirmé sans rire.
« J’ai passé ma vie à courir après les médailles et les trophées, mais une fois élu, je vais courir après les subventions », a promis ce grand sportif. Il appelle même les électeurs à saisir l’opportunité de se rapprocher du pouvoir après 26 années « à tourner en rond » dans l’opposition avec le Bloc, puis le NPD, a-t-il soutenu. « Les gens ont déjà joué dans ce jeu-là », a-t-il ajouté.
Il faut par ailleurs souligner l’improbable défi que s’est lancé le candidat conservateur en faisant campagne en patins à roues alignées. Au lieu du traditionnel porte-à-porte, il va ainsi à la rencontre des gens à l’extérieur, dans chaque recoin de la circonscription. « Ça fait 25 municipalités, en comptant Saint-Hyacinthe qui a une dizaine de quartiers, alors c’était impossible de faire chaque porte », a-t-il commenté. Rencontré au jour 9 de la campagne, M. Barré disait tenir étonnement bien le coup, malgré les quatre heures de patins par jour. Si ses genoux et la température le permettent, il entend même continuer à ce rythme jusqu’en octobre. « Le pied dans le tapis » semble en effet être la seule cadence qui plaît à Bernard Barré.