Durant neuf semaines, à raison d’un mercredi par semaine, les élèves seront invitées à laisser les cosmétiques de côté pour se présenter en classe au naturel. L’activité culminera le 5 juin lors de la Journée sans maquillage, une initiative nationale lancée en 2010 par Canal Vie et le magazine Elle Québec.
L’enseignante en éthique, Annie Roy, n’engage pas une vendetta contre le fard et l’ombre à paupières. « Je n’ai rien contre le maquillage, mais il faut que les élèves comprennent qu’elles ont le choix de se maquiller ou non, ce qui n’est pas toujours le cas à l’heure actuelle. Ça m’attriste de constater que des ados n’arrivent pas à sortir de chez elle sans être maquillées », explique-t-elle.
Annie Roy espère évidemment qu’au terme des neuf semaines, 100 % des filles de l’école, incluant le personnel, participent aux mercredis sans maquillage, mais c’est « utopique », reconnait-elle. « Certaines filles vont y aller de façon progressive, en se motivant pour la dernière journée sans maquillage. C’est pour ça que l’activité dure deux mois, pour que les élèves s’apprivoisent au naturel. »
En 2012, à la Polyvalente Robert-Ouimet, l’enseignante, qui avait organisé une activité similaire, avait rallié près de 85 % des élèves au terme du défi.
Mme Roy croit d’ailleurs que ses élèves sont prêts à se lancer dans l’aventure. En classe, ils ont discuté d’estime personnelle, des coûts reliés au maquillage, débattu, échangé et visionné le documentaire Beauté fatale de Léa Clermont-Dion. « Le documentaire a beaucoup fait réagir les élèves. Les gars trouvaient que les filles étaient très superficielles et les filles ne comprenaient pas qu’une belle fille comme Léa puisse se trouver laide. »
Histoire de mettre la table au défi, Annie Roy a fait remarquer à ses étudiantes qu’elles étaient modifiées par le maquillage, mais ne devenaient pas plus belles pour autant.
Le point de vue des filles
Pour Audrey-Anne, Claudie, Laurie et Camille, participer à une journée sans maquillage n’aura rien de nouveau puisqu’elles prennent déjà part à l’événement national.
« Ça devrait être normal qu’on se trouve belle au naturel. Les filles doivent en prendre conscience », affirme Laurie.
Sans gêne, les quatre élèves « entraidantes » avouent se maquiller tous les jours ou presque, ce qui ne les empêche pas de laisser leur trousse de côté par moment.
En ce sens, elles agiront à titre de mentores auprès de leurs consoeurs en tenant un kiosque d’encouragement chaque mercredi. « J’ai misé sur des élèves de 4e et 5e secondaire pour qu’elles puissent influencer les plus jeunes », glisse au passage Annie Roy.
« Je me suis rendu compte qu’on se maquillait beaucoup pour les autres. Il faut arriver à le faire pour nous », souligne Audrey-Anne. Sa collègue Claudie renchérit : « Si tu veux te maquiller, tu le fais. Sinon, tu ne le fais pas. On doit augmenter notre estime de soi. »
Le défi est lancé et chaque mercredi, l’enseignante Annie Roy aura en sa possession un flacon de lotion démaquillante, au cas où certaines filles décideraient d’emboîter le pas à leurs amies en cours de journée.