À titre d’exemple, la question du stationnement au centre-ville de Saint- Hyacinthe. Cette question faisait jaser lors de mon embauche au COURRIER en 1995 et c’est encore le cas aujourd’hui. Je prédis qu’il en sera aussi question dans dix ans quand la piétonnisation de la rue des Cascades sera l’un des enjeux de la campagne électorale municipale de 2033.
Le dossier du second accès au Cégep de Saint-Hyacinthe en est un autre qui aura occupé les journalistes du COURRIER pendant au moins 25 ans. Ce n’est qu’à force de frapper sur le clou de la dangerosité de l’enclavement du collège que les astres ont fini par s’aligner afin de permettre la réalisation d’une nouvelle voie de circulation dont on ne voudrait plus se passer.
Pourquoi ce long détour? Pour revenir sur un accident qui mérite que je vous en parle encore. J’avais prévu d’aborder le sujet dans cette page la semaine dernière, mais c’était avant qu’on apprenne la fermeture de l’imprimerie Transcontinental.
L’accident sur lequel je juge nécessaire de revenir est celui du 30 janvier au midi à la hauteur du passage à niveau de l’autoroute 20 à la hauteur de Saint-Hyacinthe. Souvenez-vous : une automobiliste a violemment percuté un camion semi- remorque à l’arrêt en prévision du passage d’un train. La dame a été blessée sérieusement, mais la SQ laissait entendre qu’elle allait se rétablir.
A-t-elle été distraite? L’histoire ne le dit pas clairement, mais on peut le présumer. Il n’y a aucun indice d’un geste volontaire. C’est surtout un endroit réputé pour sa dangerosité. Le danger que représente le passage régulier d’un train sur cette autoroute est bien documenté. Les archives et les journalistes d’expérience du COURRIER peuvent en témoigner.
Des accidents majeurs à ce passage à niveau problématique, il y en a pratiquement tous les 10 ans. En scrutant rapidement nos archives, nous en avons d’abord retracé un en novembre 2013, presque en tout point identique au plus récent, outre le sexe de l’automobiliste qui s’était encastré sous le semi-remorque à l’arrêt. Un autre accident qui a fait les manchettes remonte cette fois au mois de janvier 2005. Petite variante, c’est le conducteur du poids lourd qui, cette fois, n’avait pu freiner à temps et qui avait embrassé le train, procurant des images à donner froid dans le dos. Le conducteur s’en était tiré miraculeusement indemne, avions-nous écrit à l’époque. Celui-ci avait eu plus de chance que le conducteur d’un autre semi-remorque qui avait perdu la vie au même endroit à l’automne 1987. Le cycle de malchance est assez régulier.
À chaque accident ou presque, le tout dernier étant passé relativement inaperçu jusqu’ici – d’où la nécessité d’y revenir avec insistance –, il se trouve des témoins, des secouristes et des politiciens pour partager leurs préoccupations, voire pour demander une intervention du ministère des Transports ou du Canadien National. Force est de constater que ces appels à l’action demeurent sans véritables suites puisque rien ne change ou si peu dans le secteur. Rien ni personne ne peut arrêter le train et la signalisation n’a pas été revue et corrigée pour la cause, à mon humble avis.
De toute évidence, la signalisation actuelle présente ses limites, nous en sommes régulièrement témoins.
Pour tolérer l’intolérable, c’est-à-dire le passage régulier d’un train sur une autoroute à grand débit de circulation, on nous a servi toutes sortes d’excuses par le passé. On a entre autres fait état du coût astronomique et de la complexité technique d’une solution de rechange. Un investissement jugé non prioritaire vu la dangerosité réelle, mais relative, du tronçon au niveau statistique.
Il faut donc se faire à l’idée que ce passage à niveau est enraciné là et qu’il y aura d’autres accidents à couvrir. Ce n’est pas de savoir si un accident se produira, c’est quand. Une fois qu’on aura remplacé le toit sur le Stade olympique de Montréal peut-être. Tiens, justement, voilà une opération de génie abordable, qui ne demande aucune prouesse technique et qui va sûrement sauver de nombreuses vies dans le futur. On s’en reparle dans 10 ans… ou avant.