Le roman Récolter la tempête est particulier pour l’auteur pour plusieurs raisons. « C’est mon premier roman, alors c’est sûr que je suis nerveux de voir comment il sera reçu! Je suis dans le milieu des arts depuis longtemps, mais c’est une nouvelle facette, plus intime, que je découvre. Je trouve qu’on se livre davantage par l’écrit que par la musique », précise Benoît Côté en entrevue au COURRIER.
Portrait maskoutain
L’histoire est aussi particulière dans la mesure où elle dresse un certain portrait de Saint-Hyacinthe dans la seconde moitié des années 90, telle que vue par un adolescent de l’époque. « On dirait que ça ne pouvait pas se passer ailleurs qu’ici. Dans le roman, il y a beaucoup de références à la campagne et aux différents quartiers, et des allusions à certaines classes sociales », confirme l’auteur, qui assure que, même lorsque les lieux ne sont pas explicitement nommés, les Maskoutains pourront aisément les reconnaître.
Selon Benoît Côté, l’adolescence à Saint-Hyacinthe dans les années 90 pouvait se résumer à boire et fumer un joint sur des terrains vagues. « Saint-Hyacinthe est vue de l’œil d’un ado désabusé, alors ce n’est pas toujours beau! À l’époque, il faut dire que ce n’était pas considéré comme cool de vivre ici! », prévient M. Côté, qui a quitté la ville pour ses études.
C’est dans ce contexte que Sam, le personnage principal, ressent ses premiers « vertiges philosophiques » avant de faire la découverte des textes des Nietzsche, Camus et Sartre de ce monde. « Il y trouve des complices, des discours philosophiques auxquels il peut se rattacher », explique l’auteur, qui s’est inspiré de son propre vécu et du sentiment qu’il éprouvait de ne pas être tout à fait en phase avec son époque.
À travers Récolter la tempête, Sam connaîtra ses premières expériences amoureuses et son premier emploi, mais passera aussi par les événements marquants de l’époque : le référendum de 1995 et la crise du verglas de 1998. Le récit, écrit au « je », laisse aussi entendre qu’il est écrit par quelqu’un de plus vieux. « Je fais partie d’une génération qui a l’adolescence longue. Je le vois comme si le narrateur revenait sur ces événements pour exorciser cette fibre-là qui est restée en lui », estime Benoît Côté.
De l’archéologie
Les dialogues à travers le livre ont une saveur particulière, se rapprochant « le plus possible de la langue qu’on parlait », souligne l’auteur, qui parle d’un « exercice d’archéologie » pour se souvenir des petits détails qui avaient marqué la langue il y a 20 ans. « Il sera possible de situer le personnage seulement avec sa façon de parler », un détail qui a charmé la maison d’édition Triptyque et qui l’a convaincue de publier son roman.
Après la sortie de son premier roman, prévue dans la semaine du 26 mars, Benoît Côté poursuit sa carrière comme compositeur, collaborant notamment au théâtre, tout en continuant d’écrire. Une suite pour Récolter la tempête n’est pas dans les cartons, mais un nouveau roman et un autre essai sont actuellement en écriture. Les temps libres qu’il lui reste sont consacrés à la ferme familiale à Sainte-Rosalie, où il se rend presque chaque semaine pour renouer avec ses origines maskoutaines.