Les propriétaires du site, Stéphane Arès et Fernand Mathieu, ont cédé une première parcelle du terrain – environ un dixième – aux promoteurs de ce projet pour la somme de 400 000 $. Le terrain vendu correspond à l’emplacement qu’occupait l’ancienne manufacture E.T. Corset (1892), dont la Ville a autorisé la démolition à l’automne 2015 au terme d’un débat public sur sa valeur patrimoniale. MM. Arès et Mathieu en avaient fait l’acquisition au printemps 2015 au prix de 350 000 $.
Le projet du Faubourg de la Gare n’est plus seulement l’affaire de Bellus Développement immobilier, cette firme représentée par Gilles Lépine, un oncle du maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil. Bellus fait maintenant équipe avec Groupe immobilier Pro-Urbain, les deux entités étant réunies depuis peu au sein de la société Le Faubourg de la Gare St-Hyacinthe.
Stéphane Arès demeure lié aux promoteurs à titre de courtier immobilier, étant celui qui a été chargé de la vente des futurs condos du Faubourg de la Gare. Un condo modèle a d’ailleurs été construit sur le site à l’intention de clients potentiels. « Les promoteurs vont nous acheter l’emplacement par phases. La construction du premier bâtiment devrait commencer au printemps; il abritera 18 unités de condos », a-t-il indiqué au COURRIER.
Ce premier édifice est celui où la tour vitrée de la E.T. Corset doit être reproduite, comme la Ville l’a exigé. Elle avait été descendue délicatement avant la démolition, et entreposée dans la partie arrière du site. M. Arès a précisé qu’en raison de la dégradation des pièces de bois de la structure, la tour ne pourrait être réinstallée telle quelle sur le nouveau bâtiment. « Mais elle sera reproduite dans tous ses détails, avec les matériaux originaux récupérables, comme les plaques d’ardoise et la petite clôture en fer forgé », affirme-t-il.
De l’ancienne usine Goodyear, qui était voisine de la E.T. Corset, il ne subsiste plus rien. La majeure partie de la structure originale avait été détruite par un promoteur en 1995, après quoi la portion restante, la plus ancienne (1920) avec son toit vitré à redans, a été démolie en janvier 2014 par son nouveau propriétaire, Stéphane Arès. Il avait eu gain de cause devant le comité de démolition, lequel s’était rendu à ses arguments et avait conclu que l’édifice était « générateur de nuisance » et que sa réutilisations’avérait « difficile ».
De 2009 à 2013, alors que la Ville jonglait avec l’idée de créer une gare intermodale sur ce site, la Goodyear, la E.T. Corset et l’ancienne fabrique des Orgues canadiennes, dans le cul-de-sac du boulevard Laframboise, ont fait l’objet d’une réserve foncière municipale, mesure qui provoque le gel de la valeur des immeubles visés.
Au bout de quatre ans, comme le veut la loi, la Ville a dû abandonner sa réserve foncière, sans en avoir profité préalablement pour faire des acquisitions. Estimant avoir été lésé par ce gel foncier, Stéphane Arès lui avait alors intenté une poursuite de 470 000 $, avant de s’entendre finalement à l’amiable avec elle sur un règlement de 490 000 $, au printemps 2014. La Ville avaitaccepté de lui verser 200 000 $ en dédommagement, en plus de promettre d’injecter 200 000 $ dans les infrastructures du secteur et de consacrer 90 000 $ à la confection d’un « plan d’aménagement d’ensemble ». C’est au cours de ce même printemps 2014 que M. Arès avait établi le contact avec Bellus Développement immobilier au sujet d’un vaste projet résidentiel à réaliser à partir du site Goodyear, avait-il confirmé au COURRIER en septembre 2015. Quant à Gilles Lépine, de Bellus, il s’était officiellement inscrit au registre des lobbyistes en août 2014 pour son projet de Saint-Hyacinthe, soit environ deux mois après avoir entamé des discussions avec la Ville, avait-il précisé en réponse aux questions du COURRIER.
Le projet du Faubourg de la Gare, projet qui a nécessité plusieurs modifications aux règlements d’urbanisme, consiste en la construction de 150 condos répartis dans six bâtiments.