13 juillet 2023 - 07:02
Agrandissement du parc industriel Camille-Mercure
Bip, bip, bip…
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Voici le signal sonore caractéristique d’un véhicule lourd qui recule et il y a fort à parier que c’est ce que fera la grosse machine municipale de Saint-Hyacinthe dans le dossier du projet d’agrandissement du parc industriel Camille-Mercure.

Pourquoi? Pour plusieurs bonnes raisons. En voici quelques-unes, en vrac.

D’abord parce que les élus ont été pris au dépourvu par l’opposition citoyenne. Ils ne l’ont pas vu venir et ont reporté leur décision. La grogne s’est formée autour d’un projet qui n’avait jamais été débattu en public ni fait l’objet de reportages dans LE COURRIER avant de voir une bonne quarantaine de citoyens du quartier Saint-Joseph débarquer à l’hôtel de ville le 3 juillet. Ces citoyens mécontents ont monopolisé la période de questions et manifesté leur opposition.

Ce n’est pas tous les jours qu’on assiste à Saint-Hyacinthe à une telle mobilisation citoyenne spontanée qui, de toute évidence, a pris naissance à la lecture d’un simple avis public (autre preuve de leur utilité) et non sous l’impulsion du parti municipal Saint-Hyacinthe unie. Présente à la séance publique de juillet pour discuter de la crise du logement, la cheffe du parti, Marijo Demers, a d’ailleurs salué cette initiative, mais ne l’a pas instrumentée en cherchant à en faire de la récupération politique. Elle n’en a pas rajouté, car ce n’était vraiment pas nécessaire. Les opposants à l’agrandissement du parc industriel, pour la plupart des citoyens de longue date du quartier Saint-Joseph, affirment que la cohabitation actuelle avec les entreprises présentes dans le parc est déjà difficile. Ils se plaignent particulièrement du bruit, de la poussière et de la circulation. Ils redoutent l’agrandissement projeté, même si cela ne servirait les intérêts que d’une seule entreprise, selon ce qui a été précisé à la séance. Ils ne veulent rien savoir non plus d’un changement de zonage qui permettrait de favoriser la venue d’industries agroalimentaires à incidence faible et à incidence modérée à forte. À sa face même, l’agrandissement projeté n’est pas très vendeur, on va se le dire. D’autant plus que certains citoyens se seraient déjà plaints à la Ville des pratiques irrespectueuses d’une entreprise du parc et que rien n’a vraiment changé.

On comprendra donc les réticences des résidents à donner carte blanche à un éventuel agrandissement réclamé par Saint-Hyacinthe Technopole, le bras économique de la Ville et de la MRC. Ils ont bien raison, il vaut mieux prévenir que guérir dans la mesure où les intentions municipales ne sont pas clairement définies en ce moment.

Parmi les autres raisons qui militent en faveur de l’abandon du projet, il y a le moment choisi. Il ne pourrait pas être pire pour espérer faire passer l’agrandissement d’un parc industriel sur un terrain présentement en culture, même s’il ne se trouve pas inclus dans la zone agricole. Alors que s’amorce la consultation nationale sur le territoire et les activités agricoles, qui en passant a fait l’objet de notre éditorial de la semaine dernière, l’idée de sacrifier un champ de maïs pour permettre à une industrie inconnue de s’y enraciner risque de créer des remous. C’est même étonnant que l’UPA ne soit pas déjà montée aux barricades pour dénoncer la Ville, comme elle l’a fait récemment pour empêcher la réalisation du projet d’usine d’Exceldor dans le prolongement du parc industriel Olivier-Chalifoux.

Enfin, la présence du Boisé des Douze, le poumon vert du quartier Saint-Joseph, devrait certainement modérer les envies d’expansion industrielle dans ce secteur où la Ville a, par le passé, permis à la zone résidentielle de se rapprocher de la zone industrielle. Il revient donc à la Ville de s’assurer que la cohabitation de tout ce beau monde se fasse sans trop de heurts et non d’accroître les tensions.

Et avec le déménagement projeté de l’écocentre de la rue Brouillette, d’autres perturbations s’annoncent avant longtemps dans ce même secteur.

Est-ce que l’agrandissement du parc industriel Camille-Mercure est une absolue nécessité en ce moment? La démonstration n’a pas été faite. Loin de là.

La bonne nouvelle, c’est que les citoyens du quartier Saint-Joseph sont aux aguets, même en plein cœur de l’été. La conseillère du quartier, Mélanie Bédard, doit être ravie. De belles discussions risquent d’animer la fête du quartier Saint-Joseph ce vendredi. Espérons qu’elle prendra des notes entre deux bouchées de hot-dog.

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