Oui, un manque à gagner subsiste, mais le recul du ministre et de la Coalition avenir Québec (CAQ) est assez spectaculaire, merci, voire soudain. Cela devrait satisfaire le milieu de l’éducation et tout ce qui tourne autour et dedans.
Le 3 juillet, dans cette page justement, je signais un éditorial sur les compressions de 570 M$ et l’onde de choc qui en découlait, en évoquant entre autres la commande passée localement au Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe qui se préparait à sabrer entre 7,5 et 15 M$ pour atteindre les cibles gouvernementales
« On comprend tout ce qu’il y a de syndicats, de comités de parents et de groupes de pression de monter aux barricades. Des manifestations ont déjà eu lieu pour dénoncer ces coupes et d’autres s’annoncent à l’automne. Une plainte a même été déposée au Protecteur du citoyen. Puisque le gouvernement est déjà drôlement fragilisé (et impopulaire) à un an des élections, je doute que la colère s’estompe », écrivais-je dans cette colonne.
Les députés et ministres de la CAQ ont dû se dire la même chose, d’autant plus que le Parti québécois (PQ) avait le couteau entre les dents et semblait bien décidé à mettre à profit la grogne en éducation. Par la bouche de l’enseignante et également présidente et candidate pressentie dans le comté de Saint-Hyacinthe aux prochaines élections, Michèle Lemelin, l’exécutif local du PQ ne s’était pas fait prier pour dénoncer « ces coupes massives […] et ce manque de respect envers les professionnels de l’éducation. »
Le ministre Drainville et le premier ministre Legault ne se sont pas obstinés très longtemps. Voilà une preuve d’intelligence.
On remarquera quand même la tentative de la députée caquiste de Saint- Hyacinthe, Chantal Soucy, de justifier ce que certains pourraient tenter de définir comme l’injustifiable quand il est question de sabrer dans le secteur de l’éducation. « Il ne s’agit pas de couper, mais de mieux gérer », a-t-elle pris soin de souligner à grands traits dans une pleine page de publicité qu’elle a fait paraître dans notre édition du 10 juillet, soit quelques jours seulement avant le grand recul annoncé par Bernard Drainville.
Dans la tête des élus caquistes, il n’a jamais été question de coupures ni de compressions. Et il était presque malhonnête d’utiliser ce vocabulaire.
À la fin juin, le premier ministre François Legault avait lui-même rejeté en bloc les critiques sur les compressions, qualifiant celles-ci d’« ésotériques » et en insistant sur l’augmentation des budgets en éducation de 58 % au cours des six dernières années. Une rhétorique reprise par notre députée dans sa publicité.
« Le budget de l’éducation augmente chaque année, avait-elle souligné. En cinq ans, il est passé de 18,3 milliards à 23,4 milliards de dollars, une hausse de plus de 5 G$. Il n’a jamais été question de couper dans nos écoles; aucun gouvernement ne peut soutenir indéfiniment une augmentation de budget année après année et particulièrement dans un contexte économique incertain et des besoins criants dans d’autres secteurs. »
Mme Soucy n’a pas tort. Et ce qu’elle écrivait le 10 juillet est encore pertinent un mois plus tard. Son gouvernement a toutefois décidé qu’il valait mieux pour lui de soutenir le rythme une année de plus, une année électorale de surcroît.
Tout est toujours une question de calcul politique quand il est question de coupures, de compressions ou de restrictions. Surtout en éducation.
Sur ce, bonne rentrée à tous. Nous y voilà déjà!


