14 novembre 2019 - 15:03
Logement social
Bravo pour l’effort
Par: Martin Bourassa
On avait pris soin de m’avertir. Le maire Claude Corbeil devait profiter de son mot d’ouverture lors de la séance publique du 4 novembre pour faire une grosse annonce. Dans le genre Attachez votre tuque avec de la broche...

Et il s’est passé quoi? Le maire a effectivement fait une annonce ce soir-là. Une grosse? Tout dépend des points de vue, mais certainement pas au point de stopper les presses et de tuer la Une.

En gros, le maire a annoncé que le conseil allait consacrer trois fois plus d’argent pour le logement social dans son prochain budget. La cagnotte réservée à faire pousser des logements modiques ou abordables passera donc de 200 000 $ à 600 000 $ annuellement. Ce n’est pas rien et c’est certainement une bonne nouvelle. Encore davantage quand on sait que les élus ont finalement résisté à la tentation de créer une taxe spéciale au budget 2020 pour financer le tout.

Mais comme il faudra bien trouver cet argent quelque part, la Ville n’aura d’autre alternative que de couper ailleurs ou de hausser la taxe foncière générale en conséquence si jamais il ne lui tombe pas de nouveaux revenus du ciel d’ici là.

Prudent, le maire n’a pas promis de respecter l’engagement de contenir la prochaine hausse de taxes des contribuables maskoutains à l’intérieur du taux d’inflation. Ce sera à surveiller lorsque les grandes lignes du budget seront connues en décembre. On y reviendra.

Avec sa récente décision, l’administration municipale tente de démontrer qu’elle a à cœur le logement social et qu’elle en fait une priorité. Sauf que ce n’est pas vraiment nouveau. D’un même élan, le maire s’est targué que Saint-Hyacinthe soit déjà au 2e rang des villes offrant le plus de logements sociaux par habitant au Québec. Désolé de vous dire cela, M. Corbeil, mais de toute évidence, ce message ne passe pas.

Peu ou pas de Maskoutains croient demeurer dans la capitale québécoise du logement social. Il faudra trouver mieux que d’investir trois fois plus d’argent pour changer cette perception.

Nos élus tenteront de le faire, car ils se mettent dès maintenant à l’ouvrage afin d’élaborer une Politique de l’habitation « durable et inclusive ». Retenez bien ces mots clés que sont « durable et inclusive », car ils sont utilisés à toutes les sauces et trop souvent vides de sens. Cette politique devait s’ajouter d’ici quelques mois ou années à la Politique de développement durable et inclusive et à la Politique du transport actif durable et inclusif. J’ironise à peine.

Bref, il n’y a rien de transcendant dans les dernières annonces du maire en matière de logement social. On a retenu la bonne vieille recette qui consiste à augmenter l’investissement en puissant dans les recettes municipales provenant en bonne partie des taxes. Ce n’est pas très innovant comme approche. C’est moins révolutionnaire que d’imposer des conditions aux promoteurs privés en les forçant à contribuer au développement du logement social.

Bravo pour l’effort, mais pour l’audace, on repassera.

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