10 février 2022 - 07:00
Construction à Saint-Hyacinthe
Brique et fanal
Par: Le Courrier

Inédit et spectaculaire. Voilà sans doute les deux mots qui décrivent le mieux ce qui se passe depuis déjà quelques mois dans le domaine de la construction à Saint-Hyacinthe. Une année 2021 record, a claironné la Municipalité, statistiques à l’appui.

Au niveau des investissements, tous les indicateurs le confirment, notre belle ville traverse en effet une période faste à tous les niveaux, et ce, autant dans les secteurs résidentiel que commercial et institutionnel. Les promoteurs immobiliers sont nombreux, variés et proactifs. La pandémie qui s’étire n’a pas sapé leur enthousiasme. Que non.

En font foi les chantiers qui poussent comme des champignons aux quatre coins de Saint-Hyacinthe et les projets qui sont encore sur les tables à dessin. Et on ne parle pas ici de simples perceptions ni de pures spéculations. On a bien entendu des chiffres éloquents pour appuyer tout cela. En 2021 seulement, le Service de l’urbanisme de la Ville de Saint-Hyacinthe a délivré 3047 permis pour une valeur totale de plus de 350 M$. De façon isolée, la valeur des travaux dans le secteur résidentiel s’est élevée à 130,4 M$. Pour le commercial, l’institutionnel et l’industriel, les investissements ont atteint respectivement 84,2 M$, 76,3 M$ et 46,6 M$.

C’est du gros stock si on regarde ces résultats avec un peu de recul.

L’année précédente, et malgré toute l’incertitude et les contraintes liées à la nouvelle réalité épidémiologique, Saint-Hyacinthe avait malgré tout comptabilisé 2869 permis pour des investissements de 179,9 M$, soit sensiblement les mêmes résultats qu’en 2019, où elle avait délivré 2785 permis pour une valeur de 185,9 M$.

Pour vous donner davantage de perspective à l’égard des 350 M$ de l’année 2021, une petite incursion dans les archives du COURRIER s’impose. Pour remonter au record précédent dans le domaine de la construction à Saint-Hyacinthe, il fallait revenir à l’année 2018 où la valeur des 2433 permis émis s’était arrêtée tout juste avant la barre du 200 M$ (198 M$). Ce résultat avait effacé la marque établie en 2016 (188,3 M$) qui, elle, avait pulvérisé un record vieux de sept ans. En 2009, nous nous pétions les bretelles à la Une du COURRIER avec ce titre évocateur « Du jamais-vu » en soulignant des investissements totalisant 157,2 M$.

Et ne croyez pas que la machine va s’enrayer du jour au lendemain. L’année 2022 laisse entrevoir d’autres chantiers d’envergure. Le Groupe Maurice s’apprête à démarrer son complexe pour personnes âgées, un investissement de 70 M$ selon la valeur du permis qui lui a été délivré en début d’année. Même le centre-ville n’en aurait pas terminé avec les grues puisqu’un grand projet immobilier à saveur maskoutaine devrait être annoncé bientôt près du Centre des arts.

Tout cela pour dire que le grand défi pour la Ville de Saint-Hyacinthe et son Service de l’urbanisme ne sera pas tant de maintenir la cadence et de répondre avec empressement aux demandes et besoins exprimés par les promoteurs en 2022.

Non, son défi sera de ne pas perdre de vue les attentes et les besoins des citoyens en s’assurant que ce développement à la vitesse grand V se fasse de façon ordonnée, et dans la mesure du possible, de façon respectueuse. Le principe de l’acceptabilité sociale n’est pas facile à définir et à établir, dans la mesure où les promoteurs ont parfois les moyens d’en faire fi, en trouvant dans la réglementation quelques failles à exploiter.

À d’autres occasions, on met aussi en concurrence l’intérêt collectif versus l’intérêt d’une minorité. C’est ainsi qu’on a moussé le projet de Groupe Sélection, en misant sur l’urgent besoin de revitalisation et de diversification du centre-ville.

Pour le projet Viva-Santé Saint-Hyacinthe des Habitations Trigone près de l’Hôpital Honoré-Mercier, les résidents du secteur sont divisés. Certains se sont résignés, ont quitté ou ont mis en vente leur propriété; d’autres sont prêts à en découdre avec le promoteur. Nos élus sont encore une fois pris entre deux feux, mais semblent avoir un penchant pour le promoteur qui se dit prêt à se conformer à toutes les exigences réglementaires et municipales et n’a aucun intérêt à se mettre les gens à dos. Il est attendu les bras ouverts par les propriétaires disposés à vendre à gros prix, mais avec une brique et un fanal par les locataires qui peineront à se reloger à prix abordable pour eux.

De telles situations se répèteront dans les années à venir. Préparez-vous.

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