30 juin 2022 - 07:00
Bretelle sous le pont Barsalou
Ça brasse au conseil
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa


Une pièce d’anthologie, m’a lancé l’éditeur du COURRIER, un peu abasourdi par ce qu’il avait vu et entendu lors de la séance-fleuve du 20 juin. Ce qu’il a vu? Des élus se pointer du doigt. Un doigt frondeur, accusateur et provocateur. Ce qu’il a entendu? Des élus hausser le ton, se couper la parole, se relancer à qui mieux mieux et même révéler de petits secrets de séances plénières. Bien dommage que le microphone du conseiller David Bousquet n’ait pas été allumé lors des échanges animés, à la limite de l’agressivité. Je n’ai pas osé contredire mon patron, en bon soldat que je suis. Mais il n’avait pas tort. Quel spectacle insolite, digne d’une cour d’école.

J’aurais payé cher pour assister au vin de l’amitié qui a suivi la séance. Des comptes ont dû se régler une fois les caméras et les micros de NousTV éteints. J’ai beau fouiller dans ma mémoire, et elle est généralement très bonne, je ne me souviens pas d’échanges aussi virulents entre un maire de Saint-Hyacinthe et des conseillers. Dans le cas présent, Bernard Barré et David Bousquet.

D’aussi loin que je me rappelle, et je passe en revue les règnes de Claude Bernier et de Claude Corbeil, il s’agirait d’une première. Et le hasard a voulu que celui qui a allumé la mèche (courte) du conseiller de La Providence ne soit nul autre que Pierre Rhéaume, le fils de l’ancien maire Clément Rhéaume.

Il avait profité d’une de ses rares visites pour s’enquérir de la vision municipale concernant la bretelle d’accès sous le pont Barsalou. Une bretelle que veut conserver à tout prix Bernard Barré, et dans une moindre mesure le conseiller David Bousquet. Les autres souhaitent sa démolition. Le conseiller de La Providence a pris la balle au bond et a tenté d’embarrasser publiquement le maire Beauregard en lui reprochant une citation tirée d’un article du COURRIER. Dans ce texte, André Beauregard a affirmé qu’il ne fallait pas accorder trop d’importance aux sondages de citoyens qui sont déposés au conseil pour influencer les élus.

Selon le conseiller Barré, le maire envoie un bien mauvais message aux gens en disant cela, une remarque qui a semblé piquer au vif M. Beauregard. Ce dernier a eu la vitesse d’esprit de rappeler au conseiller de La Providence qu’il avait lui-même fait fi de la plus grosse pétition jamais déposée au conseil municipal, celle exhortant le conseil de ne pas aller de l’avant avec la construction du Centre des arts au centre-ville, en appuyant le projet.

Lumineuse réplique d’un nouveau maire qui vient d’asseoir son autorité sur le conseil en tenant tête au conseiller le plus fort en gueule, voire intimidant, de tous. Le maire n’a pas tort de dire que, peu importe le nombre de pétitions ou de signatures, au bout du compte, les décisions appartiennent toujours aux élus. Et il appartient ensuite aux citoyens de les réélire ou pas. Ce qui étonne dans toute cette controverse, c’est son origine.

Les esprits s’échauffent pour une simple bretelle d’accès qui permet de contourner le centre-ville, comme s’il s’agissait de décider d’un grand projet de société. Mais ce qui surprend davantage, c’est une intervention qui est venue au terme de cet échange, de la bouche du conseiller du district Yamaska, Pierre Thériault. Ce dernier a lancé tout bonnement que le retrait de la bretelle pourrait permettre de prolonger la rue des Cascades au-delà du pont Barsalou et de l’intersection de la rue Bourdages afin de rejoindre le stationnement de la nouvelle bibliothèque T.-A.-St-Germain. Cette solution permettrait de condamner l’unique entrée/sortie actuelle de la bibliothèque et de régler des irritants. En contrepartie, cela oblige le sacrifice de la bretelle et porte un dur coup à l’espace vert et piéton prévu à cet endroit.

Rien de tout cela n’avait transpiré avant cela dans une séance publique ni n’apparaissait dans les maquettes que la Ville a rendues publiques récemment dans le cadre des plans d’aménagement de la promenade Gérard-Côté. Préparez le pop corn. D’autres débats animés sont sans doute à venir. Bernard Barré doit attendre le prochain round avec impatience.

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