C’est quand même spectaculaire quand on y pense, car il y a quelques mois à peine, tout semblait écrit à l’avance et prévisible. Sur la scène nationale, les libéraux en déroute semblaient condamnés à être détrônés par les conservateurs, tandis que dans notre circonscription, la réélection du bloquiste Simon-Pierre Savard-Tremblay était vue comme une simple formalité.

Rien de tout ce que l’on croyait acquis ne tient plus à quelques jours du vote fatidique. Le dépouillement du scrutin rimera avec suspense d’un océan à l’autre. Il en sera de même où coule la rivière Yamaska, du moins quand la centrale maskoutaine laisse ses turbines au repos.

Si le suspense est au rendez-vous, cette courte campagne qui s’achève n’aura pas été d’un grand intérêt, il faut bien l’avouer. Il n’y a pas eu d’annonces ou de moments spectaculaires. Que du convenu, de l’habituel. Des promesses de réductions d’impôt par-ci, des engagements à investir par-là.

Même les débats des chefs auront eu relativement peu d’impact, dans la mesure où ils n’ont pas fait de grands gagnants ou de perdants. Il faut dire que ces exercices ont eu lieu alors qu’aucun des grands partis traditionnels n’avait encore déposé son programme et son cadre financier.

En début de campagne, la question de l’urne était de réussir à identifier quel chef est le mieux placé pour défendre le Canada devant Donald Trump. En fin de campagne, elle est toujours la même, même si le président américain, toujours aussi imprévisible, s’est un peu calmé le pompon.

Cette question de l’urne a été à l’avantage du chef libéral Mark Carney et de ses candidats, si l’on se fie aux sondages. L’effet Trump a un effet indéniable et une majorité de Québécois estime que Carney a les compétences nécessaires pour gérer la relation avec les États-Unis, a confirmé un sondage Léger, la semaine dernière. La firme donnait encore il y a quelques jours les libéraux gagnants par 5 points sur les conservateurs. C’est pas mal l’écart que prévoient les agrégateurs de sondages à la QC125 Canada.

Rien n’est encore joué puisque l’écart est bien mince. La question de l’urne est celle qui nuit le plus au Bloc québécois. Malgré toute sa bonne volonté, ses idées et ses qualités de débatteur, le chef Yves-François Blanchet ne deviendra jamais premier ministre du Canada. Il ne joue pas dans la même game que Carney ou le chef conservateur Pierre Poilievre. Le chef bloquiste a même prédit la victoire de Mark Carney à la radio vendredi dernier. Il faut voir dans cette sortie une tentative motivée par l’urgence de freiner la chute du Bloc dans les intentions de vote en tentant d’attirer les indécis, maintenant qu’un gouvernement libéral majoritaire est en vue.

Dans le comté, le député sortant, de loin le plus expérimenté des candidats, respirait la confiance il y a un mois à peine. Simon-Pierre Savard-Tremblay avait même prédit dans mon bureau qu’il me ferait mentir en battant son propre score de 2021 alors qu’il avait obtenu 47,5 % des appuis. Au moment d’écrire ces lignes, QC125 Canada lui concédait la victoire par 7 points (40-33) sur la libérale Mélanie Bédard, ce qui correspond exactement à la margee d’erreur. Les prochains jours seront donc décisifs.

Quoi qu’il advienne lundi, Mme Bédard pourra se targuer d’avoir réalisé l’improbable, et ce, même si elle devait se contenter d’une victoire morale à défaut d’un triomphe surprise dans le comté.

On se rappelle que la dernière fois que Saint-Hyacinthe–Bagot a voté rouge à Ottawa, c’était en 1980, avec la victoire de Marcel Ostiguy. Mme Bédard n’avait pas de moyens, pas de local, pas véritablement d’équipe ni de tradition sur laquelle s’appuyer dans le comté. Juste un nouveau chef.

C’est peu et à la fois beaucoup.