19 octobre 2023 - 03:00
carte blanche
Ça
Par: Christian Vanasse
Christian Willie Vanasse

Christian Willie Vanasse

Ça, c’est le conflit israélo-palestinien. Autour de moi, on ne parle que de ça et je sens le besoin d’en parler aussi, mais je ne sais pas comment.

Juste dire ça, va fâcher des gens qui vont avoir l’impression que je n’ai pas choisi de camp. Même le silence n’est plus une option. Pis moi, j’ai l’impression que peu importe ce que je vais dire, je vais blesser quelqu’un à cause de ceci ou de cela ou parce que je n’aurais pas dit ceci ou cela ou précisé que je n’approuve pas ceci ou cela ou que j’appuyais ceci ou cela. L’impression que chaque parole doit être précédée d’un préambule quand il s’agit de se faufiler entre des opinions tranchantes comme des rasoirs.

Surtout, j’ai peur d’en parler de crainte de ne pas trouver les mots. Ou d’en trouver et que ce ne soient pas les bons. Parce que les mauvais mots sont la pire solution pour véhiculer de bonnes intentions. Pire encore serait de trouver les bons mots pour véhiculer les pires intentions.

Plus on en parle, moins c’est évident. Il manque de mots pour décrire les maux inspirant cette spirale de guerre vieille comme l’histoire, d’une histoire que nous ne pouvons même plus nommer tellement elle est entremêlée dans un nœud gordien enfoui dans un désert, où chaque olivier arraché a vu la haine s’enraciner.

Je veux parler de ça, mais je ne sais pas comment. Je voudrais bien faire, mais je ne sais pas quoi faire. Je regarde les affaires se défaire, en Ukraine ou à Gaza, inutile et impuissant, les bras le long du corps, les poings serrés, l’envie de murmurer : arrêtez. Arrêtez ça.

Et hurler cette magnifique phrase de Louise Latraverse, encore tellement d’actualité, qui tient en deux seuls petits mots : « L’AMOUR, CRISSE! »

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