Pendant les séries éliminatoires, j’écoute le hockey sur CBC, ils ont un meilleur français qu’à TVA. Plus sérieusement, mon fournisseur télé a beaucoup de difficulté avec ce qui vient du Québec. Trois-Rivières ou Montréal, l’image est déformée, mais Winnipeg ou Toronto, tout est beau.
Mais suivre le Canadien dans une autre langue, c’est aussi se faire raconter la même histoire sous un autre angle. Par exemple, on y parle beaucoup des origines de Carey Price (de la Première nation Ulkatcho) et du support qu’il offre aux communautés autochtones et pas seulement par l’argent de sa fondation. Le 3 juin, alors que le Tricolore affrontait les Jets en soirée, Carey a pris une partie de sa journée pour rencontrer la communauté autochtone de Winnipeg et honorer avec eux les 215 jeunes victimes des pensionnats. Le soir même, il blanchissait les Jets.
Oui, je sais que la LNH, le Canadien pis Molson, c’est avant tout du spectacle et de la grosse business, mais le sport lui-même est un élément si important de notre culture que, parfois, il peut devenir un outil pour faire avancer la société. La poète innue Natasha Kanapé Fontaine mentionnait récemment que par ses performances, Carey fait la démonstration de la force et de la fierté des autochtones. En somme, c’est leur Maurice Richard. On dit aussi que le sport rassemble. Et socialement, nous sommes si divisés que tout ce que nous pouvons vivre de positif ensemble devient précieux. Après une saison chaotique, le Canadien fait vivre des séries cathartiques à une population qui, après un long confinement et des privations, voit le retour du beau temps et de la libération. Et j’espère sincèrement que ça nous mènera aussi à la réconciliation et à la réparation.