14 mars 2024 - 03:00
Cégep de Saint-Hyacinthe : le calme après la tempête
Par: Sarah-Eve Charland
La directrice générale par intérim du Cégep de Saint-Hyacinthe, Fanie-Claude Brien, et le président du conseil d’administration, Joseph Noumbissi, ont accordé une entrevue au COURRIER. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La directrice générale par intérim du Cégep de Saint-Hyacinthe, Fanie-Claude Brien, et le président du conseil d’administration, Joseph Noumbissi, ont accordé une entrevue au COURRIER. Photo François Larivière | Le Courrier ©

« L’organisation va bien! », lance d’emblée la directrice générale par intérim du Cégep de Saint-Hyacinthe, Fanie-Claude Brien, qui assume ce poste stratégique depuis le 5 février.

Mme Brien a accepté de recevoir LE COURRIER pour un premier long entretien accordé par la direction générale depuis la crise interne qui a secoué le collège il y a près d’un an et entraîné la démission du président du conseil d’administration, Augustin Brais, et le départ en congé maladie du directeur général, Emmanuel Montini, en mai dernier.

Rencontrée au cégep, elle était accompagnée du nouveau président du conseil d’administration, Joseph Noumbissi. Représentant les parents d’étudiants, il commence un deuxième mandat au sein du conseil d’administration. Depuis l’été dernier, un « vent de fraîcheur » imprègne le Cégep de Saint-Hyacinthe, décrit M. Noumbissi. L’arrivée en poste d’un nouveau directeur des études, Wolfgang Krotter, et d’un nouveau directeur général par intérim, Benoit Lessard, à la fin de la dernière année scolaire a permis de calmer les tensions, dit-il. Fanie-Claude Brien a pour sa part hérité de la direction générale par intérim lorsque M. Lessard a quitté ses fonctions pour devenir directeur général du Collège Montmorency.

« De ce qu’on entend au conseil d’administration, la situation semble bien meilleure. La collaboration est revenue de façon plus dynamique », affirme le Grandbasilois qui a accepté avec bonheur, assure-t-il, un mandat à la présidence le 30 janvier dernier.

« J’ai l’intérêt de m’impliquer dans ma communauté. Le cégep est un milieu très dynamique. C’est une entité très stratégique pour la région. Quand on parle d’enseignement, on parle d’avenir, de savoir et de la pérennité des connaissances. Contribuer au fonctionnement d’une entité comme celle-là est un défi que j’ai accepté avec plaisir », dit-il.

Pour lui, les tensions internes sont chose du passé, tout comme la situation au sein de la Commission des études au printemps 2023 qui avait mené à l’envoi, par la direction générale et le conseil d’administration, d’une lettre à tout le personnel pour dénoncer certains comportements.

Cette missive avait d’ailleurs été « mise à l’index » par les administrateurs quelques mois plus tard, dans une tentative de tourner la page sur toute cette histoire.

« Au sujet de la Commission des études, ce que je peux dire, c’est qu’on fait totalement confiance au directeur des études. Notre préoccupation première, c’est la réussite de nos étudiants. Ce qui est passé est passé. On regarde résolument vers où on veut aller et comment on veut y aller. On est tournés vers l’avenir », soutient M. Noumbissi.

Le mois de mai 2023 avait entre autres été marqué par la publication d’une série d’articles dans nos pages ainsi que dans Le Devoir sur le climat de travail tendu et malsain au Cégep de Saint-Hyacinthe, une situation mise en lumière et dénoncée par la direction générale, les cadres et les professeurs.

En réaction, le ministère de l’Enseignement supérieur avait d’ailleurs commandé une enquête administrative qui a commencé à l’automne et qui se poursuit actuellement. Tout comme le président du conseil d’administration du Cégep, le Ministère refuse de donner des détails sur le déroulement et le mandat de cette enquête.

À savoir si le contenu du rapport sera rendu public une fois terminé, la décision n’aurait pas encore été prise, nous dit-on au Ministère. Sans donner de détails, on nous mentionne que cette enquête a pour objectif d’assurer une saine gouvernance au sein du collège.

« Après le mois de mai, il y a eu une succession d’événements qui ont contribué à stabiliser la situation. […] On n’a donc pas senti le besoin d’aller chercher de l’aide auprès du Ministère. Le renouvellement de la direction et l’équipe en place qui connaît bien l’organisation ont permis d’apaiser les gens. Il y a une nouvelle synergie qui s’est créée, ce qui a permis d’éviter les écueils et de calmer les tensions. J’espère que ce sera à long terme », mentionne M. Noumbissi.

Un mandat en continuité

Le maintien du climat sain et respectueux fait d’ailleurs partie des priorités qui ont été données à Fanie-Claude Brien au moment de sa nomination. « Les canaux de communication sont ouverts. L’organisation va bien. Entre autres, on a réussi à conclure le renouvellement de toutes les conventions collectives », ajoute Mme Brien.

Même si elle estime avoir une certaine latitude, le mandat qu’on lui a donné est clair : elle doit poursuivre ce qui est commencé. Notamment, elle doit veiller à la mise en œuvre d’une gestion intégrée et poursuivre les différents projets sur la table, comme la préparation à un accroissement de la clientèle étudiante. « J’aime collaborer. Je suis une femme engagée. Je m’assure que chaque employé puisse contribuer et mettre en valeur ses forces pour qu’il puisse continuer à se développer et qu’il soit en mesure de redonner à l’organisation. Ma couleur, c’est la collaboration. »

Pour l’heure, M. Noumbissi et Mme Brien ne possèdent aucune information au sujet d’un éventuel retour du directeur général Emmanuel Montini.

La nomination de Mme Brien a cependant créé un jeu de chaises musicales au sein de l’organigramme. Au moment de l’entrevue, elle n’était pas en mesure de divulguer le nombre de postes actuellement à pourvoir parmi les cadres, mais le processus d’embauche est lancé pour tous les postes vacants.

Quitter le CA de la Caisse

Fanie-Claude Brien est à l’emploi du Cégep de Saint-Hyacinthe depuis 24 ans, dont 9 ans à la direction du service de la formation continue et de Synor. Elle s’est entre autres fait connaître dans la région pour son implication au sein du conseil d’administration de la Caisse Desjardins de la Région de Saint-Hyacinthe qu’elle préside depuis mai 2021. Elle ne demandera pas un renouvellement de mandat à la fin du mois d’avril.

« Je tiens à souligner que toutes les balises sont en place pour assurer une bonne gouvernance autant au sein du conseil d’administration de Desjardins qu’auprès du Cégep. Mais considérant que je suis une femme engagée, je veux m’investir pleinement dans la fonction de directrice générale par intérim. J’ai donc décidé de mettre sur pause mon rôle au sein du conseil d’administration de Desjardins », précise-t-elle.

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