7 mars 2024 - 03:00
Mission Unitaînés
Cent logements abordables garantis à Saint-Hyacinthe
Par: Sarah-Eve Charland
Le Pavillon Desjardins de la Médiathèque maskoutaine sera démoli au mois d’avril pour laisser place à un immeuble de 100 logements. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le Pavillon Desjardins de la Médiathèque maskoutaine sera démoli au mois d’avril pour laisser place à un immeuble de 100 logements. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Cent logements abordables dédiés aux personnes âgées de 65 ans et plus seront construits à Saint-Hyacinthe d’ici 2026. C’est que Saint-Hyacinthe a été sélectionnée pour accueillir l’un des 10 projets d’immeubles à logement pilotés par le philanthrope et fondateur du Groupe Maurice, Luc Maurice.

Annoncée en grande pompe la semaine dernière à Shawinigan, l’initiative vise à construire 1000 logements répartis dans 10 villes en formule accélérée. En calquant le même modèle dans chacune des villes, l’organisme Mission Unitaînés, fondé par Luc Maurice, effectuera des économies d’échelle sur les coûts de développement et de services professionnels.

Saint-Hyacinthe devient ainsi la deuxième ville où une annonce est tenue. Les projets se réaliseront dans les marchés où le Groupe Maurice a déjà brassé des affaires, comme c’est le cas avec son complexe Cibèle présentement en construction à Saint-Hyacinthe sur le boulevard Casavant Ouest. Mission Unitaînés sera responsable de la construction de ce projet, mais c’est Habitations Maska qui prendra la relève au terme de la construction pour en assurer la gestion.

Ceux qui pourront s’y loger sont les aînés de 65 ans et plus admissibles au programme de Supplément au loyer. Toutes personnes intéressées peuvent contacter Habitations Maska par courriel à info@habitationsmaska.com.

L’organisme héritera d’un immeuble libéré de toute hypothèque et appuyé sur un fonds de prévoyance de 500 000 $. Le bâtiment de six étages sera muni de deux ascenseurs, de gicleurs et d’une aire de stationnement pour triporteurs. Il se composera aussi d’une salle commune multifonctionnelle et d’une terrasse extérieure. Le coût mensuel d’un loyer variera entre 595 $ pour un studio et 900 $ pour un logement de deux chambres. Notons que ces prix incluent les frais liés à l’électricité et à l’Internet.

« Cette intention ferme, pilotée par Luc Maurice, vise à offrir des logements adéquats aux personnes aînées qui vivent avec le Supplément au loyer. C’est un revenu annuel équivalent à 23 800 $ en 2023. Vous imaginez donc, pour eux, la délivrance et la joie de pouvoir accéder à un logement abordable. Les aînés y trouveront un milieu socialisant et sécuritaire », affirme la présidente-directrice générale de Mission Unitaînés, Caroline Sauriol.

Véritable tour de force, ce projet résulte d’investissements totalisant 23,5 M$ des gouvernements du Québec et du Canada. Luc Maurice effectuera un don personnel de 5 M$ qui permettra de constituer les fonds de prévoyance pour chacun des immeubles. Il s’engage aussi à assumer tout dépassement de coûts, s’il y a lieu.

« C’est la première fois que le gouvernement du Québec a un partenaire philanthropique. Le projet verra le jour beaucoup plus rapidement à un coût moindre. C’est une vision novatrice axée sur des résultats rapides pour offrir un milieu de vie de qualité et abordable. […] Ça va aider les aînés, mais ça va aussi libérer des logements qui seront disponibles pour des familles », mentionne la députée de Saint-Hyacinthe, Chantal Soucy.

Dès qu’il a reçu le courriel de Mission Unitaînés en octobre 2023, le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, s’est assuré de ne pas manquer le bateau. La première rencontre n’était même pas terminée qu’il acceptait de sauter à pieds joints dans le projet. La Ville de Saint-Hyacinthe contribuera à la hauteur de 3,5 M$, équivalent au don du terrain et à des raccordements aux infrastructures municipales.

« Dans le contexte actuel, je suis particulièrement fier et reconnaissant que Saint-Hyacinthe ait été choisie comme l’un des sites privilégiés. Le conseil et moi-même souhaitons remercier l’esprit d’innovation de toutes les parties impliquées. La concrétisation de ce projet repose en effet sur un partenariat remarquable », souligne le maire.

Sur la rue Dessaulles

Le bâtiment sera érigé sur le terrain de l’ancienne Caisse Desjardins, sur la rue Dessaulles, où avaient été aménagés les bureaux administratifs de la Médiathèque maskoutaine. Les travaux de démolitions seront lancés en avril afin de commencer la construction dès mai. Deux dérogations mineures seront votées lors d’une prochaine séance du conseil municipal afin de rendre le projet réglementaire. Le chantier devrait être terminé au printemps 2026.

Ce projet ne remplace pas celui prévu sur le site de l’ancienne bibliothèque T.-A.-St-Germain libérée depuis l’automne dernier. L’objectif est d’y construire un immeuble de 79 logements abordables, qui sera aussi exploité par Habitations Maska. Soumis une première fois au Programme d’habitation abordable Québec, le projet n’avait pas été sélectionné. L’organisme a déposé une nouvelle candidature. Le directeur général d’Habitations Maska, Jean-Claude Ladouceur, mentionne que des annonces pourraient être faites prochainement sans vouloir donner de détails.

Des sceptiques

Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) appelle à la prudence. Le regroupement, qui fait la promotion du logement social, a réagi à l’annonce maskoutaine. « Veut-on réellement se rendre dépendant du bon vouloir des philanthropes pour financer un programme social, surtout si c’est pour loger décemment les aînés les plus pauvres? […] On dirait que Québec fait exprès de montrer que ça marche mieux quand c’est le privé qui a le contrôle des projets », lance la porte-parole de FRAPRU, Véronique Laflamme.

Cette dernière ajoute que la meilleure façon de faire contribuer les riches, c’est par une fiscalité progressive permettant de renflouer les programmes sociaux des gouvernements. La solution passe, avant tout, par des programmes gouvernementaux dédiés au logement social et financés adéquatement, estime-t-elle. Selon le FRAPRU, il est nécessaire de fixer des objectifs clairs de développement sur plusieurs années et de garantir une pérennité du financement public.

« Tout ajout de logements sociaux dans les différentes municipalités du Québec est une bonne nouvelle. Cependant, si on veut financer des logements sociaux pour les ménages locataires aînés et les autres ayant des besoins urgents de logement, il faut le faire avec des programmes gouvernementaux qui fonctionnent », conclut-elle.

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