« Il y a un fort sentiment d’insécurité, surtout de la part des parents dont les jeunes sont hébergés, à la suite du dévoilement de ces comportements d’inconduite sexuelle. Ils sont inacceptables. Il n’y a rien de tolérable. J’ai été personnellement choquée et offusquée en apprenant cela », a déclaré Mme Audette, en précisant qu’environ 60 % des jeunes restent en relation avec leurs parents.
Bien qu’aucun cas au campus de Saint-Hyacinthe du Centre jeunesse n’ait été mentionné dans les récents reportages, la directrice a rappelé que trois cas avaient été rapportés en Montérégie depuis 2017.
De plus, elle déplore que les cas récents dévoilés ailleurs au Québec aient provoqué une augmentation de la violence des jeunes et des parents envers le personnel dans les différents milieux dans la province. Bien qu’elle juge cela inacceptable, elle comprend bien qu’intervenir en protection de la jeunesse est complexe et que de vives émotions en ressortent. « Nous naviguons dans de la détresse humaine à un haut niveau », a-t-elle convenu. Le personnel est donc invité à se montrer à l’écoute des parents afin qu’ils se sentent à l’aise de partager leurs inquiétudes.
Une mesure en place
Marie-Josée Audette insiste pour dire que tout est mis en œuvre pour que d’autres comportements répréhensibles ne se reproduisent pas. Déjà, depuis 2020, la DPJ Montérégie engage elle-même les agents d’intervention plutôt que de passer par des agences afin qu’un filtre soit en place dès l’embauche. Cela permet d’avoir un regard direct, notamment sur les antécédents judiciaires des candidats. Il s’agit également d’une occasion pour rappeler le rôle d’autorité qu’ils occuperont envers les jeunes et les responsabilités qui en découlent. « Ce n’est pas un terrain de jeu », a-t-elle illustré.
« Notre but est de prévenir,de décoder, de former et de transmettre nos attentes, car un cas d’inconduite sexuelle, ça en est un de trop », a-t-elle résumé.
En plus de ce changement, la DPJ Montérégie travaille actuellement à réviser chacun de ses processus, une démarche qui était déjà en cours avant la couverture médiatique des dernières semaines.
Mme Audette a aussi souligné que les récents événements permettent aussi de rappeler de ne pas hésiter à lever le drapeau rouge auprès des gestionnaires si des situations ne semblent pas conformes ou adéquates. « Nous ne voulons pas que ça reste lettre morte. Nous voulons regarder ce qui se passe et ajuster le tir tout de suite. Pour cela, tout le monde doit se sentir concerné », a-t-elle affirmé.
Rapport sur des locaux inadéquats
En plus des histoires d’inconduite sexuelle, les conclusions d’une enquête de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ), selon laquelle des jeunes de la DPJ de la Montérégie-Est ont été hébergés dans des conditions « inadéquates » dans des pièces sans fenêtres avec des rideaux à la place des murs, ont été dévoilées récemment. La CDPDJ avait commencé ses démarches à la suite d’articles parus dans les médias en 2022.
Questionnée à cet effet, Marie-Josée Audette a affirmé que plus aucun jeune n’est hébergé dans ce type de local. Elle a expliqué qu’il s’agissait à l’époque d’une question de manque d’espace alors que les ordonnances d’hébergement doivent être appliquées rapidement quand la sécurité d’un jeune est en danger. « S’il faut choisir entre une super installation et la sécurité, le choix est facile », a-t-elle déclaré.
Depuis, neuf unités de débordement ont été créées puisque depuis 2020, le taux d’occupation a augmenté de 24 % et la durée moyenne des séjours de 20 %. Cela équivaut à une centaine de places supplémentaires. Ces unités développées à même les installations sont munies d’une cuisine et de toutes les commodités des unités « permanentes » et ne correspondent donc plus du tout à ce dont la CDPDJ a dénoncé. Elles se trouvent entre autres à Saint-Hyacinthe.