23 octobre 2025 - 03:00
Saint-Dominique
Chagnon et Fils franchit un siècle d’histoire
Par: Philippe Lanoix-Meunier | Journaliste de l'Initiative de journalisme local
Michel et André Chagnon, représentants de la troisième génération à la tête de l’entreprise Chagnon et Fils. Photo François Larivière | Le Courrier ©
Michel et André Chagnon, représentants de la troisième génération à la tête de l’entreprise Chagnon et Fils. Photo François Larivière | Le Courrier ©
Dans un monde en perpétuelle mutation où rares sont les institutions capables de défier le temps, voir une entreprise familiale traverser un siècle force le respect et l’admiration. Pour une société privée, franchir 10 ans est déjà un succès, durer 20 ans un exploit, mais atteindre le cap mythique des 100 ans relève presque du prodige. C’est pourtant la réalité de Chagnon et Fils, qui souffle cette année ses cent bougies. L’entreprise spécialisée dans le camionnage emploie aujourd’hui 28 personnes et poursuit son incroyable aventure.

L’histoire débute en 1925, lorsqu’Eugène Chagnon, jeune homme passionné de mécanique et animé par l’esprit d’entreprise, fonde Chagnon et Fils à Saint-Dominique. Nous sommes alors au cœur des « années folles », période d’effervescence où l’automobile bouleverse le Québec.

« Au début, les véhicules à moteur étaient extrêmement rares. Quelques années plus tard, la voiture s’est démocratisée. Nous nous sommes adaptés à la clientèle et à cette nouvelle réalité. Je crois que c’est ce qui nous a permis de traverser toutes ces années », explique Michel Chagnon, président actuel et représentant de la troisième génération.

La clientèle augmente lentement et Eugène embauche. Mais les voitures sont encore peu répandues dans la région et les travaux demeurent sporadiques. Ingénieux, il décroche un permis d’électricien qui lui permet d’installer le courant dans les maisons et fermes de la région. Il prend aussi en charge l’entretien du réseau téléphonique rural à Saint-Dominique, tout en poursuivant ses activités de mécanique automobile.

« Mon grand-père était un fonceur, surtout un travailleur acharné! Autodidacte, comme beaucoup d’hommes de son époque, il avait quitté l’école très tôt. Il ne savait ni lire ni écrire et signait d’une simple croix. Cela ne l’a pas empêché d’avoir un impact majeur sur sa communauté », raconte Michel.

Le virage du camionnage

Dix ans après sa fondation, le garage oriente ses services vers la réparation de camions. L’entreprise devient aussi distributrice des bascules hydrauliques Brandford. De 1934 à 1942, Chagnon agit comme concessionnaire Ford et vend aussi de la machinerie agricole. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle se spécialise dans la vulcanisation des pneus. Mais en janvier 1951, un incendie détruit le garage et la maison familiale. Eugène et son fils Fernand relèvent toutefois le défi et reconstruisent tout au printemps.

La relève prend la route

En 1962, Fernand rachète le garage. Deux ans plus tard, il introduit la fabrication d’arbres de commande, à laquelle s’ajoutent le redressement de châssis, les systèmes hydrauliques et les prises de force. Plusieurs agrandissements suivront, confirmant une croissance soutenue. En 1983, Chagnon et Fils devient distributeur des pièces pneumatiques Walinga pour le Québec, l’est de l’Ontario et le nord-est américain, preuve que l’entreprise n’a pas peur d’innover.

Pour Michel Chagnon, c’est d’ailleurs cet esprit d’innovation qui est au cœur de la pérennité de l’entreprise.

« Aujourd’hui, notre travail est bien plus spécialisé. Nous devons suivre des formations continues et rester à l’affût des nouveautés dans le domaine du camion. L’innovation fait partie de notre ADN », ajoute-t-il. « La technologie évolue vite. On sait que les camions resteront, mais à quoi ils ressembleront dans 10 ou 15 ans, c’est une autre histoire. L’électrification des flottes transforme déjà la profession. »

Une troisième génération solide

En 1988, Fernand transmet les rênes à ses trois fils : Michel, André et Daniel. Il demeurera actif plus de vingt ans, jusqu’à son décès en 2011, tout comme son père Eugène, qui fréquenta le garage jusqu’à 98 ans et s’éteignit à l’âge vénérable de 100 ans. Aujourd’hui, Michel (69 ans) et André (64 ans) assurent la direction de l’entreprise, tout en préparant leur relève. Antoine Filion, représentant de la quatrième génération, est déjà impliqué dans l’entreprise familiale.

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