11 novembre 2021 - 07:00
Un nouveau maire à Saint-Hyacinthe
Changement souhaité en toute continuité
Par: Le Courrier

Modeste victoire, mais victoire quand même. André Beauregard a remporté ses élections et mérité le privilège de diriger les destinées de la Ville de Saint-Hyacinthe pour les quatre prochaines années. Celui qui s’était lancé dans la course par la porte de service, faute de candidat vedette intéressé, fera son entrée à l’Hôtel de Ville par la grande porte.

Cette victoire, il l’a obtenue à l’arraché. Par la peau des dents. Soutenu et poussé par le vote de son château fort de Douville. Ironiquement, c’est le dépouillement de l’ultime boîte de la soirée, la dernière de son district, qui a confirmé sa victoire par une maigre majorité de 235 petits votes sur la cheffe du parti Saint-Hyacinthe unie, Marijo Demers.

Les électeurs de Saint-Hyacinthe sont passés à 235 votes d’élire une toute première femme à la mairie, mais surtout de punir sèchement le représentant de la continuité et grand défenseur du bilan de l’administration précédente. Autant André Beauregard peut être fier d’avoir obtenu l’appui d’un électeur sur deux qui a exercé son droit de vote, autant il doit prendre acte justement qu’un électeur sur deux n’a pas voté pour lui.

Considérant les 240 votes rejetés à la mairie, il n’y a pas lieu de pavoiser. Surtout, M. Beauregard serait mal avisé de prendre les résultats du vote comme un encouragement à perpétuer les anciennes façons de faire de la politique. Un examen de conscience s’impose parmi les vainqueurs, dont tous les anciens conseillers qui ont été réélus après s’être fait chauffer par leurs adversaires. Ils devront trouver le moyen d’apporter du changement dans la continuité.

Comment? En revoyant les pratiques et les habitudes de la maison. D’abord en matière de gouvernance et de transparence, pour reprendre un clou sur lequel a frappé avec succès Mme Demers au cours de la dernière année. On aura beau se péter les bretelles en faisant ressortir que Saint-Hyacinthe unie a mordu la poussière, la vérité est ailleurs.

Disons-le franchement, ce parti aurait mérité un meilleur sort et Saint- Hyacinthe n’aurait certainement pas été desservie par l’élection d’une Annabelle T. Palardy dans Hertel–Notre-Dame, d’un Marc Bisaillon dans Saint-Sacrement ou d’une Odile Alain dans Douville.

Mme Demers a réussi à réunir des Maskoutains de tous âges et de tous horizons autour d’elle. Ensemble, ils ont réfléchi au Saint-Hyacinthe de demain. Ils ont concocté une plateforme (trop?) ambitieuse qui a forcé le nouveau maire à se commettre à son tour.

On aurait tort de croire que la plateforme de Saint-Hyacinthe unie est bonne pour la poubelle et que Mme Demers n’avait rien de bon à proposer. La cheffe a peut-être juste manqué de temps pour se faire connaître elle, son équipe et leur programme. L’issue aurait-elle été différente si Marijo Demers avait pris un chemin moins risqué pour investir l’Hôtel de Ville? Si au lieu de porter le poids d’une équipe sur ses épaules, elle avait concentré ses énergies sur sa seule élection? Dimanche soir, je l’ai croisée en quittant le centre de congrès.

Elle n’avait pas l’air abattue ni même amère. Exténuée, très certainement. Elle trouvait cependant le moyen de sourire, même si elle avait 235 raisons d’être déçue du résultat. Demander un recomptage? L’idée lui a effleuré l’esprit, m’a-t-elle dit, mais à quoi bon accéder à la mairie si c’est pour y être sans aucun élu de son équipe? Aussi bien retourner à la base et préparer lentement, mais sûrement la prochaine bataille. Entretenir la flamme de Saint-Hyacinthe unie pendant quatre ans apparaît une tâche colossale, mais Marijo Demers n’a pas dit ni écrit son dernier mot. Et c’est une bonne chose. Saint-Hyacinthe n’aura jamais trop de citoyens engagés qui ont de grandes ambitions pour leur ville.

Notre nouveau maire sera certainement d’accord là-dessus, lui qui n’est pas dépourvu d’idées non plus pour cultiver notre fierté maskoutaine. Espérons maintenant qu’André Beauregard saura tirer les leçons qui s’imposent et voir à ce que l’administration, le politique et la population soient au diapason. Nous l’en croyons capable.

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