19 septembre 2013 - 00:00
Charte des valeurs : les institutions refusent de se prononcer
Par: Le Courrier

Le dévoilement de la Charte des valeurs québécoises, proposée par le ministre responsable des Institutions démocratiques, Bernard Drainville, a relancé le débat enflammé sur les accommodements raisonnables. À Saint-Hyacinthe, toutefois, la seule réaction est celle du silence jusqu’à maintenant.

Les principales institutions concernées par le projet et surtout, par sa clause de dérogation, ont refusé de commenter ce dossier chaud selon divers motifs.

À la mairie, ce n’est pas la crainte des réactions, mais bien les événements des derniers jours qui ont forcé le maire Claude Bernier à ne pas prendre position. « Avec la fermeture de l’Hôtel des Seigneurs, nous n’avons pas eu le temps de discuter de la Charte des valeurs. Toutes nos rencontres étaient orientées vers cette fermeture », explique-t-il. Il s’est également défendu de ne pas vouloir parler sans avoir consulté les autres élus. « C’est le conseil qui doit prendre, ensemble, une décision comme celle-là », soutient le maire Bernier. Il n’a pas été possible de savoir si la Ville envisageait l’utilisation du droit de retrait accordé aux municipalités et encore moins si le crucifix de la salle du Conseil devrait se trouver un nouveau refuge.

Encore trop tôt

Du côté du cégep de Saint-Hyacinthe, on soutient qu’il est encore trop tôt pour s’avancer sur la Charte et ses impacts.

« Ce document doit encore franchir de nombreuses étapes avant son adoption et lorsque ce sera fait, le conseil d’administration pourra se réunir et en discuter », indique Véronique Blain, responsable des communications pour le cégep de Saint-Hyacinthe. Elle ajoute qu’à sa connaissance, aucun objet religieux ne tapisse les murs de l’établissement et qu’encore moins d’incidents en lien avec la religion ont été rapportés dans les dernières années. Même son de cloche pour le CSSSRY. La directrice des communications, Marie-Josée Gervais, a précisé par courriel que « cette charte est une proposition, pas encore un projet de loi, et pourrait être appelée à évoluer d’ici le dépôt du projet de loi ». Très peu d’employés du CSSSRY portent des signes religieux ostentatoires au travail. Toutefois, le nombre exact n’a pas pu être obtenu puisque cette donnée n’est pas compilée à l’embauche selon Mme Gervais.

Pelletier défend sa charte

Comme l’a indiqué en début de semaine Pauline Marois, le caucus péquiste est uni sur le projet de Charte des valeurs et le député de Saint-Hyacinthe, Émilien Pelletier, n’y fait pas exception.

« Je suis tout à fait en accord avec cette proposition, car elle va permettre de mettre fin aux accommodements déraisonnables une bonne fois pour toutes », lâche-t-il d’entrée de jeu. Conscient du caractère économique de l’immigration à Saint-Hyacinthe, le député refuse toutefois d’envisager un quelconque exode si le projet de loi de la charte était adopté. « Les normes seront les mêmes à la grandeur du Québec, alors je ne vois pas pourquoi les immigrants refusaient de venir chez nous pour plutôt aller à Montréal? »« Il faut aussi faire attention à la désinformation; ce n’est pas vrai que nous allons brimer plus particulièrement les femmes musulmanes. C’est leur choix de ne pas se conformer à notre société et c’est aussi leur choix de faire passer la religion avant le travail en refusant, par exemple, d’enlever leur voile en tant qu’employées de l’État. Au contraire, je crois que l’exclusion se produit lorsqu’on se referme sur soi en refusant de s’intégrer », estime M. Pelletier. Il a ajouté qu’en ce qui a trait aux exceptions prévues dans la Charte – non-retrait du crucifix à l’Assemblée nationale et de la croix du Mont-Royal -, « on ne reniera pas notre histoire pour faire plaisir aux autres. Cela fait partie du patrimoine. Depuis longtemps, nous nous efforçons de maintenir la religion et l’État séparé et nous allons continuer à le faire ».S’autorisant une légère critique, le député a reconnu l’option de droit de retrait comme étant « discutable ». Même si à sa connaissance, aucun membre de son équipe n’affiche clairement sa religion, « je me dois de donner l’exemple en ne me soustrayant pas à ce qui est proposé ».

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