15 janvier 2015 - 00:00
Chauffer avec de la tourbe! (2)
Par: Le Courrier
Sur cette carte datée de 1964, on voit bien ce qui reste de la tourbière de Saint-Dominique. Rapport géologique 101. Région de Saint-Hyacinthe (moitié ouest), 1964. Bibliothèque du Séminaire de Saint-Hyacinthe.

Sur cette carte datée de 1964, on voit bien ce qui reste de la tourbière de Saint-Dominique. Rapport géologique 101. Région de Saint-Hyacinthe (moitié ouest), 1964. Bibliothèque du Séminaire de Saint-Hyacinthe.

Sur cette carte datée de 1964, on voit bien ce qui reste de la tourbière de Saint-Dominique. Rapport géologique 101. Région de Saint-Hyacinthe (moitié ouest), 1964. Bibliothèque du Séminaire de Saint-Hyacinthe.

Sur cette carte datée de 1964, on voit bien ce qui reste de la tourbière de Saint-Dominique. Rapport géologique 101. Région de Saint-Hyacinthe (moitié ouest), 1964. Bibliothèque du Séminaire de Saint-Hyacinthe.

Après avoir défini ce qu’est la tourbe et après avoir situé l’emplacement de la tourbière dans la région de Saint-­Hyacinthe, abordons maintenant le thème de l’exploitation.

Le 24 janvier 1903, l’ingénieur J. De Clercy prononce une conférence dans les salles du bureau d’enregistrement de Saint-Hyacinthe au sujet de la tourbe. Selon le journal La Tribune, plusieurs citoyens influents assistent à l’événement. La conférence qui sera publiée sous le titre « Les Tourbières. Leur utilisation et leur avenir au Canada » rappelle l’importance de développer des sources d’énergie et de chaleur et de n’en négliger aucune, car l’Ontario et le Québec n’ont pas de grandes sources de charbon. D’ailleurs, à cette époque, une crise du charbon sévit au Québec et en Ontario.

En s’adressant aux Maskoutains, De Clercy veut stimuler l’exploitation de la tourbe en affirmant que dans la région de Saint-Hyacinthe « vous possédez des ­tourbières immenses, utilisez-les pour vos industries; elles valent encore mieux que des pouvoirs d’eau parce qu’elles peuvent donner de la chaleur en plus de l’énergie, et parce qu’elles sont moins coûteuses à mettre en opération. Utilisez-les rationnellement, ne les gaspillez pas comme on gaspille actuellement la houille de ce pays, et vous en aurez pour plus d’un siècle. »

Lors de son allocution, De Clercy aborde les différentes utilisations de la tourbe : « on peut l’employer à l’état ­naturel, comprimée ou non, desséchée à l’air ou par des moyens artificiels; on peut en tirer du gaz et des produits chimiques de grande utilité, et du coke de tourbe qui vaut les meilleurs anthracites. » En ce qui a trait à l’usage domestique, il indique que « la briquette de tourbe peut servir au chauffage des habitations. Mais elle a un inconvénient : si le poêle dans lequel on la brûle n’a pas un excellent tirage, la tourbe donne une mauvaise odeur. […] il faudra des poêles de plus forte ­dimension pour chauffer une habitation par la tourbe que par le charbon. »

La valeur calorifique des briquettes de tourbe étant inférieure de moitié à la même quantité de charbon, il faut donc un volume plus élevé de tourbe pour ­produire la même quantité de chaleur.

La ville encourage cette industrie

Le passage de l’ingénieur français à Saint-Hyacinthe ne tient pas du hasard. Déjà, au début de 1893, la Ville de Saint-Hyacinthe favorise l’implantation d’un ­commerce de tourbe sur son territoire. Ainsi, dans le procès verbal de la séance du Conseil municipal du 2 janvier 1893, on indique que « Son honneur le Maire soumet à ce conseil l’opportunité et l’avantage qu’il y aurait pour ce conseil et les contribuables de cette cité d’accorder une aide pécuniaire afin de favoriser ­l’établissement d’une industrie en cette cité, ayant pour but de préparer et ­convertir la terre noire de Savanne en combustible pouvant avantageusement remplacer le charbon. » Le conseil, ­présidé par le maire George-Casimir ­Dessaulles, examine cette opportunité.

Au terme des discussions, on donne l’avis qu’à la prochaine séance, on ­présentera la motion suivante :

« Attendu que M. John McDougall de New York, propose d’établir dans les ­limites de cette cité, une industrie ayant pour but de manufacturer la terre noire de Savanne en combustible pouvant avantageusement remplacer le charbon pour toutes les fins. De ­chauffage soit des chaudières à vapeur ou des maisons.

Attendu que le dit M. McDougall ne ­demande aucune autre aide de ce conseil pour l’établissement de son industrie de transport et l’installation de machines qui lui sont nécessaire et qui ont une ­valeur d’au moins dix mille dollars, que l’usage d’une bâtisse convenable ­pendant l’espace de six mois.

Attendu que l’établissement d’une ­industrie de ce genre serait d’un très grand avantage pour la ville et les ­citoyens.

Attendu qu’il existe dans cette ville une bâtisse convenable pour y établir une telle industrie et que M. McDougall a ­visité et qu’il peut louer : il est résolu que le conseil paie au dit M. McDougall ou à ses représentants une somme de ­cinquante piastres par mois, à titre d’aide, du jour de la passation du bail, pendant six mois, à condition que les dites machines soient installées et mises en opération. »

Cette motion, présentée par le conseiller Nault et secondée par le conseiller Brousseau, sera finalement adoptée lors de la séance du 4 janvier 1893. Ainsi, 10 ans avant la conférence de J. De Clercy, un commerce de tourbe s’établit à Saint-Hyacinthe. À suivre…

À suivre…

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