Il arrive toujours un moment dans l’hiver, un moment mortifère où même collé sur un calorifère, on se demande si on passera au travers. Mais quand ce moment arrive à toués jours depuis deux ans, c’est fatiguant!
Habituellement, le printemps arrive, le soleil nous réchauffe et fait fondre nos doutes. Or, depuis mars 2020, nous marchons dans une gadoue éternelle. Si Nelligan était vivant, il slammerait sûrement : « Ma vie est un jardin de sloche. Ah, comme la neige a merdé pis maudit que c’est poche quand tous nos espoirs gisent gelés. »
On dit qu’il y a un boutte à toute? Là, ça fait un boutte que je me demande si au boutte de toute, il n’y aurait pas un autre boutte. Un boutte au boutte de toute! Pis que rendu là, ça ne me surprendrait même pas qu’on soit revenus sur nos pas. Parce que peu importe par quel boutte on prend le problème, on dirait qu’il n’y a pas de boutte. C’est pour ça qu’autant de gens sont à boutte.
Et ces gens mis boutte à boutte forment la tribu de plus en plus nombreuse des Chutabouttes. Vous en connaissez, vous l’êtes peut-être ou le deviendrez demain, à boutte de toute, sur le bord de péter votre coche et de hurler « CHUTABOUTTE! » devant un écran, en classe ou à l’hôpital avec l’envie de vous envoyer en l’air sur Sunwing et vapoter comme un Ostrogoth. Ils avaient des arcs-en-ciel aux fenêtres, l’espoir comme stratégie, mangé des tartelettes jusqu’à s’en écœurer, ils se sont privés, distanciés, multivaccinés et après avoir tout essayé, ils sont maintenant prêts à toute : même applaudir une taxe!
Sauf que trouver des boucs émissaires ne créera pas plus d’infirmières. Ça fera peut-être ventiler, mais pas aux bons endroits. Courage aux Chutabouttes qui n’ont pas fini de l’être.