14 septembre 2023 - 07:00
Cinéma Maska : une aberration
Par: Le Courrier
J’ai acheté Cinéma Maska en 1980 de Famous Players. Il y avait une seule salle et, selon l’état désuet de la bâtisse, il était difficile d’en faire un multiplex. C’était l’époque du début de ces multiplex. En 1985, j’ai vendu le cinéma à un groupe qui voulait en faire un genre de Spectrum. Ils ont obtenu une subvention de 300 000 $ de la Sodec. Un an après, ils ont fait faillite et la Sodec n’a jamais été remboursée.

Toujours en 1985, j’ai acheté le Cinéma Paris pour en faire un complexe de cinq salles. Après quelques années, j’ai eu l’occasion de m’installer au centre commercial pour y construire un cinéma de huit salles. Après 20 ans d’opération, nous avons rénové ce cinéma pour en faire un des plus beaux au Québec.

D’ailleurs, depuis plusieurs années, Ciné-Québec y tient son congrès réunissant plus de 500 personnes annuellement, soit l’ensemble de l’industrie du cinéma.

Pendant toutes ces années, nous n’avons jamais obtenu de subvention de la Ville de Saint-Hyacinthe. Aucune aide pendant la construction, pas davantage pendant la rénovation ou pendant la pandémie, jamais.

Les cinémas ne vont pas bien au Québec. Plusieurs facteurs sont en cause, soit la pandémie, la grève des scénaristes et la multiplication des plateformes de streaming, telles que Netflix et autres. Il y a une réelle désaffectation des salles.

C’est pourquoi, quand on parle de rouvrir le Maska, c’est complètement aberrant. Considérant le coût pour la rénovation de ce cinéma, qui, en passant, sera beaucoup plus que 4 000 000 $. En ajoutant la programmation de films, qui se fera très difficile avec la compétition de l’autre cinéma. Cinéma Saint-Hyacinthe ne présente pas seulement des films américains, il présente également des productions québécoises et européennes.

Je crois que, si le Cinéma Maska veut bien performer, il aura besoin de toutes les productions pour pouvoir y arriver. Si le Cinéma Saint-Hyacinthe présente déjà tous les genres de productions, on peut se poser la question sur ce que l’autre cinéma pourra y présenter… C’est la même chose pour les cinémas comme Granby, Beloeil, Saint-Jérôme, Valleyfield, Victoriaville, etc.

Seules les grandes villes comme Montréal, Québec et Sherbrooke peuvent se permettre d’avoir plusieurs cinémas dans la même ville, car celles-ci ont un plus grand bassin de population.

J’ai opéré plusieurs cinémas pendant 40 ans, j’ai été propriétaire du Cinéma Saint-Hyacinthe pendant plus de 25 ans. Selon mon expérience du métier, je crois que ce serait surprenant que le Cinéma Maska puisse présenter des films québécois dans une salle, des films européens dans une deuxième salle et des documentaires dans la troisième salle. Surprenant, car il aura besoin de beaucoup de clientèle pour remplir trois différentes salles et l’on doit considérer que la clientèle pour ce type de production est plus restreinte. Puis, il devra trouver le contenu pour chacune de ces salles.

De plus, on doit ajouter les coûts des travaux, l’achat et l’entretien de l’équipement (très chers), le personnel, les frais fixes, tout cela en fait une affaire impossible à administrer.

Jean Colbert, ancien propriétaire du Cinéma Saint-Hyacinthe

image

Une meilleure expérience est disponible

Nous avons détecté que vous consultez le site directement depuis Safari. Pour une meilleure expérience et pour rester informé en recevant des alertes, créez une application Web en suivant les instructions.

Instruction Image