La performance de Dumont lors du débat des chefs, de même qu’une certaine lassitude de l’électorat face aux partis traditionnels, semble expliquer ces résultats. À Saint-Hyacinthe, on suit la parade et on élit le candidat adéquiste Claude L’Écuyer, qui met fin au règne de Léandre Dion, en poste depuis 1994.
Claude L’Écuyer est né à Saint-Hyacinthe le 26 janvier 1947. Il est le fils de Roger L’Écuyer, tisserand, et d’Armande Lusignan, préposée à l’expédition. Il effectue ses études classiques au Séminaire de Saint-Hyacinthe en 1968. Il obtient une licence en droit de l’Université de Montréal en 1971. Il est admis au Barreau du Québec en 1973. Après des séjours dans plusieurs bureaux d’avocats, il sera avocat en droit du travail au cabinet Brodeur, L’Écuyer et Boileau de 1983 à 1997, puis dans son propre cabinet de 1997 à 2007.
En marge de ses activités professionnelles, il sera secrétaire du conseil d’administration du centre hospitalier Honoré- Mercier à Saint-Hyacinthe de 1987 à 1991. Il sera également membre du conseil d’administration de l’Association anti-toxicomanie L’Éclat de 1997 à 2003. Après sa défaite aux élections de 2008, il devient conseiller principal de l’Association des industries de l’automobile du Canada, division Québec. Il est également membre du conseil d’administration de l’Association québécoise des lobbyistes.
Lors de l’élection de 2007, une lutte à trois se dessine dans le comté comme lors de l’élection de Fabien Cordeau en 1976. L’ADQ l’emporte par 1318 voix contre son plus proche adversaire, Léandre Dion. Claude Corbeil, qui sera maire de Saint-Hyacinthe de 2013 à 2021, se présente pour les libéraux et termine dernier. La plupart des députés de l’ADQ sont inexpérimentés. Leur victoire est une surprise pour plusieurs d’entre eux. Claude L’Écuyer ne fait pas exception à la règle. Il déclare au lendemain de son élection qu’il ne s’attendait pas à gagner. Il avoue avoir une connaissance limitée des dossiers, mais il promet de travailler fort pour sa circonscription.
Mario Dumont nomme Claude L’Écuyer porte-parole de l’opposition officielle en matière de justice. Il est également président de la Commission sur l’aménagement du territoire. Le mandat minoritaire des libéraux est de courte durée, le premier ministre Jean Charest déclenchant des élections à peine 16 mois après le précédent scrutin. Cette fois, la lutte est ardue pour l’ADQ qui a déçu l’électorat durant son passage dans l’opposition.
De passage à Saint-Hyacinthe, Mario Dumont donne une entrevue au journal Le Courrier. Il affirme qu’il ne croit pas aux commissions scolaires pour régler les problèmes d’éducation et réitère sa promesse de les abolir. La parution de cet article n’améliore pas les relations déjà tendues entre le député L’Écuyer et la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe.
Les élections ont lieu le 8 décembre 2008. Comme le prédisaient les sondages depuis un certain temps, les résultats sont catastrophiques pour l’ADQ. Le parti passe de 41 sièges à 7 sièges seulement. Mario Dumont donne sa démission le soir même. À Saint-Hyacinthe, le candidat du Parti québécois, Émilien Pelletier, remporte le scrutin, suivi de Claude Corbeil qui se présentait une fois de plus pour les libéraux. Claude L’Écuyer termine troisième avec un écart de 6129 voix par rapport au vainqueur. Après sa défaite, il revient à la pratique du droit.
Par Martin Ostiguy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe
