Certains répondront à cette question en vous indiquant le prix affiché sur le dernier arrivage de la pépinière du coin. Cette réponse, quoi que correcte d’un point de vue commercial, ne prend pas en compte une variété d’écoservices qui sont rendus gratuitement par l’arbre tout au long de sa vie. Ces services englobent tous les processus par lesquels les écosystèmes naturels (la nature) contribuent au maintien de la vie humaine. Les écosystèmes purifient notre eau et notre air, détoxifient et décomposent nos déchets, réduisent la gravité des inondations et des sécheresses et tout cela gratuitement.
Un arbre permet entre autres de réguler le microclimat, de réduire la pollution locale, d’améliorer la qualité de l’air, de réduire les coûts d’énergie de la climatisation ainsi que de stocker et séquestrer du CO2. Ces écoservices ont une valeur inestimable pour l’homme et certains outils permettent maintenant d’évaluer la valeur réelle du patrimoine naturel que constitue la biodiversité.
Des économistes ont évalué que les écoservices fournis par les 400 000 arbres de la ville de Canberra en Australie pour une période de cinq ans valaient entre 20 et 67 millions US.
Plus près de nous, la ville d’Edmonton a calculé que chaque arbre engendrait des coûts de l’ordre de 18,38 US et rapportait 74,73 US en écoservices, ce qui signifie un bénéfice net de 56,35 US par arbre pour la ville. Récemment, des économistes de la Banque TD ont évalué que la forêt urbaine de Montréal valait 4,5 milliards CA.
Il est difficile d’évaluer le plaisir qu’on retire à voir un papillon se poser sur une fleur ou à observer un geai bleu nourrir ses oisillons. Ce plaisir est pourtant réel et il faut en tenir compte. L’éducation à l’environnement, qui contribue à la compréhension des problèmes environnementaux et à l’appréciation des écoservices, peut difficilement avoir lieu loin des milieux naturels. Conséquemment, les forêts urbaines peuvent tenir le rôle de classes nature et favoriser un enseignement axé sur les valeurs environnementales. Pour cette raison, il est essentiel de se rappeler que les estimations de la valeur des écoservices sont rarement complètes.
Dans son guide des bonnes pratiques, le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire indique qu’un bon indicateur de la qualité de vie dans une municipalité est la distance qui sépare une résidence d’un espace vert. Parallèlement, lorsque l’on juxtapose les grilles urbaines recensant la pauvreté et l’absence de zone verte, on obtient un match quasi parfait. Les projets de verdissement urbain sont donc des moyens pour augmenter la biodiversité, mais aussi des occasions de niveler les inégalités sociales.
D’un point de vue économique, les écoservices devraient être perçus comme les dividendes d’un capital naturel qu’il faut maintenir pour permettre aux hommes de s’approvisionner de manière durable. Les arbres d’une ville font partie de ce capital naturel et il est essentiel de les considérer pour leur valeur économique réelle.