10 avril 2025 - 03:00
Tarifs douaniers américains
Comme un cheveu sur la soupe
Par: Philippe Lanoix-Meunier | Journaliste de l'Initiative de journalisme local
L’usine de production d’Aliments BCI Foods est située sur l’avenue Pinard dans le parc industriel Olivier-Chalifoux. Photothèque | Le Courrier ©
L’usine de production d’Aliments BCI Foods est située sur l’avenue Pinard dans le parc industriel Olivier-Chalifoux. Photothèque | Le Courrier ©
Alors que les tarifs douaniers imposés par les États-Unis bouleversent l’économie canadienne, l’entreprise maskoutaine Aliments BCI Foods, bien connue pour ses soupes en conserve Aylmer, mise sur l’humour pour promouvoir l’achat local. Elle a récemment lancé une campagne publicitaire audacieuse pour encourager les consommateurs à privilégier les produits locaux. Largement diffusées à la télé et sur le Web, les publicités montrent des Canadiens recracher leur soupe en apprenant l’imposition de droits de douane de 25 % sur les exportations aux États-Unis.

« Alors que les relations commerciales avec les États-Unis se détériorent, il est essentiel de soutenir nos entreprises canadiennes et de renforcer nos capacités intérieures. Plutôt que de simplement subir les effets des tarifs, nous avons choisi de réagir avec audace, en mettant en avant la qualité de nos soupes, fièrement préparées à Saint-Hyacinthe », a mentionné Daniel Cousineau, président et chef de la direction d’Aliments BCI Foods.

Plus grand producteur de soupes au pays, Aliments BCI Foods est une entreprise 100 % québécoise née, en 2018, du rachat de la filiale canadienne de l’entreprise écossaise Baxters. Elle produit dans son usine de Saint-Hyacinthe les soupes Aylmer, mais aussi d’autres produits largement connus du public comme les soupes de la marque Primo, St-Hubert, Tim Hortons et les marques maison Choix du Président, Sans nom, Sélection et Great Value. Toutes les soupes vendues au Canada sont mises en conserves à Saint-Hyacinthe à l’exception de deux marques : les soupes Campbell’s et les soupes Habitant qui proviennent des États-Unis.

« Nous voyons que les consommateurs sont réceptifs à l’importance de l’achat local. Ce n’est pas uniquement crucial pour BCI, mais pour l’ensemble des entreprises canadiennes touchées par les tarifs. Depuis l’annonce des tarifs, nous avons ressenti une véritable vague d’amour. La publicité a d’ailleurs fait beaucoup parler d’elle. Tout ce que nous pouvons faire à ce stade, c’est d’encourager les consommateurs à porter attention à la provenance de ce qu’ils consomment », a ajouté M. Cousineau.

L’impact des tarifs

Si Aliments BCI Foods est bien implantée au Canada, l’entreprise exporte néanmoins une partie de sa production aux États-Unis. Les tarifs américains engendreront obligatoirement une hausse de prix de ses produits qui seront moins compétitifs que ceux de leurs concurrents américains. Ajoutons à cela la hausse des prix des matières premières (acier) pour fabriquer les cannes de conserve, cette situation chaotique devrait inévitablement entraîner une baisse du chiffre d’affaires de l’entreprise à moyen et à long terme.

Aliments BCI Foods s’approvisionne à partir de différents fournisseurs pour ses ingrédients et autres matières premières. Ses fournisseurs se retrouvent partout à travers le monde, mais majoritairement situés en Amérique du Nord. Les tarifs viendront encore une fois compliquer davantage l’approvisionnement de l’entreprise maskoutaine.

« Si nos soupes vendues coûtent 25 % plus cher aux détaillants américains, ils ne pourront sûrement pas refiler cette somme à leurs clients ni la payer. Nous ne pouvons pas nous permettre de baisser nos prix de 25 % pour compenser les mesures tarifaires. Notre marge de profit n’est pas suffisante », explique Daniel Cousineau.

Si la situation devait perdurer, des pertes d’emplois sont assurément à prévoir. M. Cousineau mentionne que des mesures ont été mises sur pied afin de limiter les pertes d’emploi comme des programmes de temps partagé pour le personnel et la réduction de certains quarts de travail. Mais pour le principal intéressé, la situation n’est pas soutenable à long terme. Il estime que ce sont entre 50 et 60 personnes qui pourraient perdre leur emploi dans le meilleur des scénarios. L’entreprise embauche environ 400 personnes à Saint-Hyacinthe et à son usine de boîtes de conserve de Granby.

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