Ce dénouement attendu marque l’aboutissement de plus de quatre longues années de démarches de toutes sortes, bien souvent contre vents et marées. C’est pourquoi Claude Gagnon a emprunté les mots de notre Capitaine Bonhomme national en disant que les sceptiques avaient été confondus-dus-dus.
Il n’a pas tort, même qu’il n’a jamais eu autant raison. En toute honnêteté, je dois m’inclure dans le lot des sceptiques. Dès les balbutiements, je ne croyais pas tellement à la réalisation de cet ambitieux fantasme porté par un réalisateur grand parleur au demeurant très motivé. Avec l’effervescence du marché immobilier, je doutais surtout de sa capacité à réunir les fonds nécessaires à temps pour acheter l’immeuble stratégique donnant tout son sens au projet. Même le courtier immobilier faisait partie des sceptiques!
Mais on a vu rapidement que Claude Gagnon n’était pas qu’un grand parleur et qu’il était surtout un très bon vendeur. À l’automne 2023, il a réussi à convaincre la Ville de Saint-Hyacinthe d’appuyer financièrement CinéMaska. Je rappelle que cet engagement conditionnel prend la forme d’une subvention de 500 000 $ répartis sur une période de cinq ans. Cet appui a gonflé les voiles du promoteur et de son équipe, ainsi que les attentes et les critiques. En entrevue la semaine dernière, le maire André Beauregard me confiait qu’il se faisait encore reprocher régulièrement ce coup de pouce municipal à la culture. On a vu pire coup de pouce mettons. On se souviendra aussi de la sortie virulente de Jean Colbert, ancien propriétaire du Cinéma 8 des Galeries St-Hyacinthe, dans nos pages. Il parlait d’une subvention « injuste » et d’un projet « trop ambitieux, surtout dans une ville où il y a déjà un autre cinéma ».
À ses yeux, la rentabilité de CinéMaska relève de la pure fiction. « Quand le cinéma va être ouvert, il va y avoir des gens qui vont y aller, mais pas suffisamment pour rentabiliser le cinéma, plaidait M. Colbert. Quand on pense aux frais fixes et aux infrastructures, c’est impossible. »
Cela n’a toutefois pas empêché Investissement Québec, la Société d’aide au développement des collectivités Saint- Hyacinthe–Acton et Desjardins de contribuer financièrement au montage financier qui a permis la récente transaction.
Même si le plus dur reste à faire, soit rembourser les emprunts, aménager les lieux et assurer la rentabilité du cinéma à long terme, qui oserait maintenant parier contre Claude Gagnon et sa garde rapprochée? Pas moi.
En bon sceptique que je suis, j’ai aussi été confondu-du-du une seconde fois la semaine dernière à Saint-Hyacinthe. Le lancement de l’expérience immersive Interra, la toute dernière innovation de Jonathan Robin, président de la Station Agro-Biotech et de la distillerie Noroi. Cet entrepreneur dynamique vient de démontrer une fois de plus qu’il ne fait pas juste rêver en couleurs.
Un an après avoir reçu une subvention de 3 M$ du ministère du Tourisme pour un projet qui en vaut le double, il propose sa nouvelle attraction quatre saisons. Celle-ci prend la forme d’un parcours immersif scientifique au cœur de la fermentation, de la distillation et de l’agriculture. Si, sur papier, il n’est pas facile de saisir et de comprendre ce que Interra propose et mange en hiver, l’expérience est concluante et vaut le détour. Le résultat est vraiment impressionnant et complète à merveille son usine où il s’attend à recevoir des visiteurs, des élèves de tous les niveaux ainsi que des congressistes de passage. Le chiffre de 40 000 visiteurs annuels a même été avancé. On les lui souhaite, car il le mérite. J’en profite pour lever mon verre à tous nos entrepreneurs et créateurs à la Robin et Gagnon qui n’ont pas froid aux yeux et qui se plaisent à confondre les sceptiques. Merci d’y croire.