Depuis 2021, plus de 800 élus municipaux ont démissionné de leurs fonctions en raison du stress, de l’intimidation, du climat toxique, voire des menaces et/ou attaques violentes de la part de citoyens. Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer le fait que les élus sont devenus des « punching bags » dans une société post-pandémique polarisée où l’on se postillonne les insultes sans masque et sans gants blancs.
Pour s’en convaincre, regardez Infoman et son extrait hebdomadaire des conseils municipaux les plus turbulents du Québec. Il pourrait y consacrer l’entièreté de son émission chaque semaine tant le phénomène est devenu banal.
Nous voyons la politique comme un combat. Une lutte qu’on doit gagner par tous les moyens quitte à mentir, à tordre la vérité ou à utiliser des sophismes. Nous encourageons ces comportements en récompensant les forts en gueule injuriant à tout vent, qui rabaissent et plantent leurs « adversaires ». Encore dernièrement, Pierre Poilièvre traitait Valérie Plante et Bruno Marchand d’incompétents. Nous disons : « C’est de bonne guerre » en voyant quelqu’un clouer le bec à son adversaire en débat. Comme si une guerre pouvait être bonne. Comme si la démocratie était le triomphe de celui qui parle le plus fort.
On entend souvent dire qu’il faut avoir la couenne dure pour faire de la politique, mais sans trop s’occuper de savoir, au juste, ce qu’est une couenne. Ah bah, c’est la peau, non? Oui, mais plus précisément, c’est la peau du porc devenue dure après échaudage, flambage et raclage. Sans mentionner le fait que le porc est décédé depuis longtemps dans le processus. Belle image.
Ah, mais pour faire de la politique, faut être capable d’en prendre, diront certains. Mais un moment donné, faudrait être capable d’en refuser aussi.