5 novembre 2015 - 00:00
Carte postale de Geneviève Simard
Coup de pouce humanitaire au Sénégal
Par: Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier
Durant cinq semaines, Geneviève Simard, ­infirmière à l’Hôpital Honoré-Mercier, a tenté d’améliorer les conditions de vie des ­Sénégalais. Photo courtoisie

Durant cinq semaines, Geneviève Simard, ­infirmière à l’Hôpital Honoré-Mercier, a tenté d’améliorer les conditions de vie des ­Sénégalais. Photo courtoisie

Durant cinq semaines, Geneviève Simard, ­infirmière à l’Hôpital Honoré-Mercier, a tenté d’améliorer les conditions de vie des ­Sénégalais. Photo courtoisie

Durant cinq semaines, Geneviève Simard, ­infirmière à l’Hôpital Honoré-Mercier, a tenté d’améliorer les conditions de vie des ­Sénégalais. Photo courtoisie

Ce n’est pas l’action qui manque sur les artères principales de la ville de Tambacounda. Photo courtoisie

Ce n’est pas l’action qui manque sur les artères principales de la ville de Tambacounda. Photo courtoisie

« En route vers le village, il faisait 51°C. Le vent était si chaud qu'il nous brûlait le ­visage. Nous avons dû fermer les fenêtres de la voiture et là, on cuisait dans l'auto. »

Le chemin de terre emprunté par Geneviève Simard était celui reliant Dakar, la capitale du Sénégal, à Tambacounda, une ville dans laquelle elle exercerait sa profession ­d’infirmière pour cinq semaines à l’été 2014.

La jeune femme, qui travaille à l’Hôpital Honoré-Mercier depuis trois ans, venait de compléter son baccalauréat en sciences ­infirmières lorsqu’elle s’est envolée pour l’Afrique avec quatre autres infirmières.

Sa mission : prodiguer des soins dans les postes de santé et l’hôpital de Tambacounda et oeuvrer en prévention de la santé dans les différents quartiers de la ville.

« Il n’y a que des infirmières dans les postes de santé, pas de médecins, et elles peuvent prescrire des médicaments. Pas nous. C’était difficile au début, car elles ­s’insurgeaient à savoir ce que nous faisions là », témoigne Geneviève.

Dans ce grand village, le système de santé s’oppose au nôtre, que ce soit parce que les infirmières sénégalaises ne voient pas l’utilité de porter des gants, qu’elles ne sont pas rémunérées ou que les salles médicales sont à aires ouvertes dans un environnement composé de sable.

Geneviève a d’ailleurs eu pleinement conscience de ces différences après avoir passé une journée au département pédiatrique de l’hôpital de Tambacounda. « Une maman est arrivée avec son bébé qui avait des champignons dans la bouche depuis trois mois. L’enfant ne mangeait plus parce que ça le faisait trop souffrir. Au Québec, on soigne cela avec un simple sirop. Il était si faible. Je n’avais jamais vu un bébé ne pas se débattre pendant une prise de sang, surtout quand elle est faite dans l’aine! Finalement, il est mort de faim peu après », raconte la jeune femme de 23 ans, encore émue.

Malgré cette journée crève-coeur, ­Geneviève affirme avoir trouvé les inégalités hommes femmes encore plus dérangeantes au cours de son séjour en sol africain.

« Quand je faisais de la prévention, ­j’essayais d’inculquer les valeurs de santé maternelle aux femmes, car le Sénégal est un pays musulman. Par exemple, il y avait cette petite fille à qui la maman demandait ­d’arrêter l’école parce qu’elle n’arrivait pas à fournir pour s’occuper de tous les hommes de la maisonnée. Dans notre cas, les hommes ne nous traitaient pas comme des personnes inférieures, car nous étions blanches et éduquées », explique Geneviève.

L’hôte qui l’hébergeait pratiquait la ­polygamie, « un concept assez difficile pour cinq femmes féministes sur les bords! », ajoute-t-elle en riant.

Heureusement, le contact avec les habitants de Tambacounda s’est bien développé, surtout grâce aux enfants qui étaient très ­curieux et qui n’hésitaient pas à aller vers elle.

Sortie safari

Qui dit Afrique, dit safari! Geneviève a eu la chance de partir en expédition dans la contrée sauvage sénégalaise et de s’émerveiller devant de puissantes bêtes, y compris le roi de la jungle.

« Nous étions dans la boîte d’une ­camionnette et nous avons vu des lions, des phacochères, des singes verts et j’en passe », s’exclame-t-elle.

Le safari s’est même poursuivi sur la voie navigable du fleuve Gambie, à bord d’une pirogue. « Il y avait des alligators et le guide nous disait que nous passions par-dessus des hippopotames. Ce sont des animaux ­assez méchants alors c’était un peu stressant! »

Geneviève a aussi eu la chance de rencontrer une communauté de Peuls, un groupe nomade composé au départ de pasteurs ­africains. «Ils vivent de rien! Le village est dans la montagne, sans eau. Ils ­redescendent une fois par semaine s’approvisionner. Les Peuls sont comme nous les imaginons; vêtus de jupes de paille, les femmes sont seins nus et ils ont des tatouages hennés au visage », détaille l’infirmière.

Le périple touristique de Geneviève s’est conclu sur l’île de Gorée, tout près de Dakar. Elle a visité la Maison des esclaves, un lieu dans lequel étaient entassés des hommes, des femmes et des enfants victimes du ­commerce humain. « Tu ressentais tout dans les murs des cellules. Personne ne parlait. Nous avions tous les yeux pleins d’eau », avoue-t-elle.

Revenue grandie de son séjour de cinq ­semaines au Sénégal, Geneviève affirme qu’elle souhaite renouveler l’expérience éventuellement. « Une maman m’a dit avant que je parte : non, les enfants ne se souviendront pas de toi, parce que comme tous les autres, tu es venue ici et tu ne reviendras pas. Mais, je veux vraiment y retourner. J’ai ­promis aux Sénégalais que je le ferais », soutient-elle, confiante.

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