10 décembre 2020 - 14:26
Avec 15 décès en une semaine et 73 cas actifs chez les résidents
COVID-19 : de mal en pis à l’Hôtel-Dieu
Par: Maxime Prévost Durand

Déjà inquiétante, la situation de l’Hôtel-Dieu s’est encore empirée dans la dernière semaine. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Déjà inquiétante, la situation de l’Hôtel-Dieu s’est encore empirée dans la dernière semaine. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Des cas qui ne cessent d’augmenter, des décès qui s’accumulent et du personnel à bout de souffle, la situation du Centre d’hébergement de l’Hôtel-Dieu-de-Saint-Hyacinthe est loin de s’améliorer. Même qu’elle est à son pire depuis le début de la pandémie.

Dans la dernière semaine, une quinzaine de résidents du CHSLD maskoutain qui avaient été déclarés positifs à la COVID-19 sont décédés, portant à 18 le nombre de décès déplorés à l’Hôtel-Dieu cet automne. Pendant ce temps, le nombre de cas actifs a continué de grimper, alors que l’on dénombrait 73 résidents positifs à la COVID-19 mercredi, un chiffre qui n’avait jamais été atteint jusqu’ici.

Après une propagation importante la semaine dernière, qui s’est poursuivie jusqu’à samedi, la situation semblait peu à peu se stabiliser en début de semaine alors que trois nouveaux cas sont apparus sur les relevés du ministère de la Santé et des Services sociaux depuis dimanche.

Chez les employés, pas moins de 36 cas actifs étaient dénombrés par le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est en date de mardi. Un dépistage massif obligatoire pour tous les employés a par ailleurs été commandé vendredi dernier, selon nos informations.

L’absence forcée de nombreux employés, que ce soit en raison de la contamination de la COVID-19, d’un isolement préventif ou d’autres raisons comme de l’épuisement, amène par ailleurs une charge de travail colossale au personnel de l’Hôtel-Dieu. Des échos du terrain nous indiquent que le moral des troupes n’est pas à son meilleur et que les employés sont au bout du rouleau.

La Croix-Rouge en renfort

En réponse à la situation qui sévit à l’Hôtel-Dieu, la Croix-Rouge a été demandée en renfort pour soutenir les équipes en place, a appris LE COURRIER.

« Deux médecins de la Croix-Rouge sont au Centre d’hébergement de l’Hôtel-Dieu-de-Saint-Hyacinthe depuis déjà quelques jours, a confirmé le conseiller aux relations médias du CISSS de la Montérégie-Est, Hugo Bourgoin, en réponse à nos questions. Nous ignorons encore quand l’équipe d’aides de service sera sur place ainsi que le nombre de personnes qui en feront partie. »

Cette aide de la Croix-Rouge sera déployée seulement à l’Hôtel-Dieu, même si la situation reste également fragile du côté de l’autre CHSLD maskoutain, le Centre d’hébergement Andrée-Perrault. À cet endroit, cinq employés sont positifs à la COVID-19 présentement.

Du côté des résidents du centre Andrée-Perrault, un nouveau décès a été rapporté dans les derniers jours et on recense toujours une douzaine de cas. La situation est toujours jugée sous haute surveillance, selon les critères du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Plutôt que d’être transférés à l’unité du Parc de l’Hôtel-Dieu, zone chaude désignée pour accueillir les cas de COVID-19, comme cela était le cas au début de l’automne, les résidents positifs du centre Andrée-Perrault sont maintenant regroupés au sein de l’installation.

Problèmes d’équipement : la députée surprise

Sur une autre note, la députée de Saint-Hyacinthe, Chantal Soucy, s’est montrée surprise des problèmes d’approvisionnement en équipement qui sévissaient à l’Hôtel-Dieu, tel que dénoncé lors d’une sortie de certaines infirmières du CHSLD maskoutaine la semaine dernière.

Indignées, elles avaient dénoncé des effectifs insuffisants pour répondre aux besoins de la clientèle et de l’équipement de piètre qualité qui se trouvait à leur disposition, notamment des jaquettes trouées.

« Quand j’ai vu ça, j’ai voulu m’assurer que tout soit mis à leur disposition pour leur sécurité. J’ai été étonnée parce qu’on n’a pas de problèmes d’approvisionnement comme on en a eu à la première vague », a mentionné Mme Soucy au COURRIER.

Après être entrée en contact avec le CISSS de la Montérégie-Est et le Syndicat des professionnelles en soins de Montérégie-Est pour avoir un portrait complet de la situation, la députée caquiste a fait des représentations au gouvernement « pour trouver des solutions ».

Des jaquettes neuves sont en route pour remplacer celles qui avaient des trous, a-t-elle confirmé, tandis que le problème d’approvisionnement du CISSS de la Montérégie-Est pour avoir accès à des gants auprès de ses fournisseurs réguliers a été réglé grâce aux réserves du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Quant à l’autre point décrié par les infirmières, soit celui des effectifs insuffisants pour le nombre de patients à traiter, Chantal Soucy a reconnu que les employés de l’Hôtel-Dieu ont une « très grosse charge de travail » et que le manque de personnel était déjà un enjeu bien avant la COVID-19. « Demain matin, le problème d’infirmières ne sera pas réglé par magie », a-t-elle soutenu.

Une entente de principe survenue mardi entre le gouvernement et la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ), à la suite de mois de négociations, devrait toutefois permettre d’améliorer la question des ratios.

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